Évaluation de l'agriculture urbaine comme infrastructure verte de résilience individuelle et collective face aux changements climatiques et sociaux

Grâce à ce projet, les décideurs, les professionnels des municipalités québécoise et les différentes institutions concernées par l'alimentation afin de mettre en oeuvre des programmes sont mieux outiller pour faire face à l'insécurité alimentaire et aider à l'atteinte d'une justice alimentaire, d'une résilience individuelle et collective pour l'alimentation et d'une meilleure adaptation aux changements climatiques. 

Détails du projet
Programmation scientifique
Programmation 2014-2019
Thématique(s) et priorité(s)
Santé - Agriculture, pêches et aquaculture commerciales
Début et durée
Janvier 2018 • Juin 2021
Statut du projet
Terminé
 
Responsable(s) scientifique(s)
Éric Duchemin
AU/LAB - UQAM
Thi Thanh Hien Pham
UQAM
Nathan McClintock
INRS

Contexte

L'agriculture urbaine peut contribuer à augmenter la résilience urbaine individuelle et collective dans le cas de crise économique ou environnementale. Elle s’avère aussi une stratégie de lutte à l'insécurité alimentaire et de santé publique au sein des villes d’Amérique du Nord.

L'agriculture urbaine se développe depuis de nombreuses années et on estime que dans les villes de Montréal, Vancouver, Toronto et Portland, elle est pratiquée par environ 40% de la population. Elle y est utilisée comme un outil pour répondre à de nombreux enjeux sociaux et environnementaux urbains, dont l'insécurité alimentaire, la réappropriation de l'espace urbain par les citoyens, le verdissement, la santé mentale, l'autonomisation, la réinsertion économique, etc.

Au Québec, aucune analyse de la distribution des initiatives en agriculture urbaine, ni de leurs relations avec des facteurs socio-économiques et urbanistiques n’existe. De plus, il manque d’études empiriques sur l’apport de l’agriculture urbaine à la production alimentaire, ainsi que les impacts de changements climatiques sur celle-ci.

 

Photo : Ville de Montréal, Développement durable

Objectif(s)

  • Dresser un portrait d’ensemble de l’agriculture urbaine dans cinq zones déterminées de la communauté métropolitaine de Montréal;

  • Outiller les acteurs sociaux québécois sur l'apport de l'agriculture urbaine à l'insécurité alimentaire, la justice alimentaire et la résilience individuelle et collective pour l'alimentation et pour s'adapter aux changements climatiques.

Méthodologie

  • Élaborer des approches pour mieux circonscrire l'agriculture urbaine dans l'espace (cartographie sociale, cartographie citoyenne, analyses spatiales et statistiques, relevé de terrain, etc.);

  • Administrer un questionnaire sur les motivations et les pratiques en agriculture urbaine;

  • Effectuer des entrevues semi-dirigées;

  • Mobiliser les connaissances : diffusion/transfert, échange et réseautage;

  • Effectuer l'analyse croisée des projections agroclimatiques et des données d'agriculture urbaine récoltées.

Résultats

Une méthode cartographique des potagers par photos satellites a été développée et utilisée sur 11 territoires et un sondage téléphonique a été réalisé sur 5 des territoires cartographiés (Figure 1). Plus 17 046 potagers (totalisant 47,9 hectares) ont été cartographiés.

Figure 1

 

Figure 1. Localisation des différents territoires échantillonnés dans le cadre du programme de recherche

Les jardins ont tendance à être plus présents dans les zones avec une plus forte densité de maisons unifamiliales, des ménages à faible revenu ou de d'immigrants d'Europe du Sud et d'Asie du Sud; une plus faible densité de ménages avec enfants ou de titulaires de diplômes universitaires. Sur les cinq territoires sondés, on a recensé 37% de personnes qui cultivent des légumes ou des petits fruits pour leur usage personnel ou celui du ménage, avec des variations entre les territoires.

Les résultats indiquent que 71% des répondants-es produisaient moins du quart de leur consommation en fruits et légumes frais lors de la saison de production. En revanche, 45% des jardinières et jardiniers produisent assez pour partager leur production.

Concernant les motivations du jardinage alimentaire, elles peuvent être divisées en 4 grandes catégories, soit en ordre d’importance: la saine alimentation et l’environnement; le loisir; l’éducation et la sociabilisation et enfin la contribution alimentaire du potager.

Une proportion de 15% des jardiniers indiquent vivre l’insécurité alimentaire, associé à certains facteurs socio-économiques : être locataire, avoir des enfants, avoir un revenu ou un niveau d’étude relativement faibles. D’autre part, les personnes bénéficiant d’une importante contribution alimentaire se distinguent suivant leur territoire de résidence, leur occupation principale ainsi que leur niveau d’étude et le revenu de leur ménage.

Ceux qui pratiquent le jardinage se déclarent en meilleure santé, mais le sentiment de santé n’est pas influencé par le jardinage. Toutefois le jardinage amène une prise de conscience des jardiniers sur les saines habitudes de vie et une augmentation des activités physiques. Nous estimons que l’agriculture urbaine à Montréal fournit les besoins en légumes frais, durant la saison estivale, à un minimum de 100 000 personnes. Mais selon les modèles plus généreux, cela pourrait être 250 000 personnes. Le tout pour une valeur monétaire se situant entre 25 et 50 millions de $.

Enfin, 43% des personnes sondées qui jardinent déclarent constater des dégâts sur les cultures liées aux variations climatiques, comme la sécheresse, des gels tardifs ou hâtifs, de fortes pluies. Une répétition des expériences et les comparaisons, année après année, des effets des événements climatiques sur les cultures semblent expliquer ces résultats. Le climat futur (température, précipitation, etc) de la région serait relativement positif pour le jardinage, bien que des pratiques environnementales pour la gestion de l’eau et du gel tardif devront être développées ou adaptées.

Retombées pour l'adaptation

Retombées pour l'adaptation

Les institutions seront mieux outillées sur l'apport de l'agriculture urbaine à l'insécurité alimentaire, la justice alimentaire, la résilience individuelle et collective pour l'alimentation et l’adaptation aux changements climatiques dans la région métropolitaine montréalaise.

Les décideurs et professionnels des municipalités québécoises et de différentes instances gouvernementales concernées par l'alimentation (santé, éducation, agriculture, etc.) seront mieux outiller pour mettre en oeuvre des programmes d'agriculture urbaine et les évaluer.

Publications scientifiques

Date
Titre
Auteur
Type de document
Langue(s)
2021
Évaluation de l’agriculture urbaine comme infrastructure verte de résilience individuelle et…
Duchemin, E., McClintock, N., Pham, TTH.
Français

Financeur(s)

Autres participants

  • Carrefour alimentaire Centre-sud

  • Sytème alimentaire montréalais 2025

  • Direction régionale de santé publique du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal

  • Direction de santé publique du CISSS de la Montérégie-Centre

  • Direction de santé publique du CISSS de Laval

  • Direction de santé publique du CISSS de Lanaudière

  • Ville de Montréal

  • Ville de Laval

  • Vivre en ville

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