Adaptation des mesures phytosanitaires pour les ravageurs et maladies de cultures fruitières à l’égard des impacts des changements climatiques

Parmi les impacts des changements climatiques sur la production agricole au Québec, on compte notamment une possible augmentation de la pression exercée par certains ravageurs des cultures, qu’il s’agisse d’espèces déjà présentes au Québec ou d’espèces exotiques envahissantes. 

Même si des changements ont déjà été observés par le passé, il existe peu de connaissances sur la manière dont les insectes ravageurs et les maladies des cultures fruitières vont progresser par rapport à l’évolution du climat au Québec. Il est primordial de pallier cette lacune afin d’aider les acteurs du secteur agricole à se préparer à réagir en fonction des changements attendus.

• Documenter l’impact des changements climatiques sur des insectes ravageurs et des maladies de quatre cultures fruitières du Québec (pomme, canneberge, fraise et framboise) et identifier des mesures d’adaptation appropriées.

• Documentation des caractéristiques des espèces d’insectes et de maladies des cultures ciblées, identification de celles présentant un risque en ce qui concerne l’évolution attendue du climat au Québec (revue de littérature) et sélection de sept études de cas (consultation d’experts).

• Évaluation des impacts des changements climatiques sur les études de cas à l’horizon 2050, à l’aide de modèles bioclimatiques appliqués dans des régions d’Amérique du Nord ou d’Europe où le climat actuel ressemble au climat projeté pour le Québec.

• Identification de mesures d’adaptation appropriées pour le Québec.

Une liste de 54 ravageurs et maladies endémiques au Québec qui risquent d’évoluer avec les changements climatiques ainsi qu’une liste de 28 espèces exotiques qui menacent les cultures fruitières du Québec ont été produites. Parmi ces dernières, 15 fiches informatives ont été rédigées pour celles ayant un fort risque d’introduction au Québec. Elles seront diffusées auprès des secteurs fruitiers par l’entremise d’Agriréseau et des Réseaux d’Avertissements Phytosanitaires.

Les changements climatiques affecteront chaque culture fruitière à l’étude (canneberge, pomme, fraise, framboise). Il est apparu que pour les modèles de plantes et les modèles d’insectes et acariens, nous observons un impact direct des changements climatiques avec, le plus souvent, un devancement de deux semaines de la phénologie des plantes et des ravageurs pour les scénarios de changements phénologiques les plus élevés. Le synchronisme entre la culture et son ravageur/maladie sera cependant maintenu.

Du fait de l’augmentation des températures, le temps de développement des insectes sera plus court et les délais d’intervention phytosanitaire diminueront.

Pour les espèces multivoltines, réalisant plus d’une génération par année (par exemple le carpocapse de la pomme, le tarsonème du fraisier ou encore la tordeuse des canneberges), le nombre de générations durant la saison de croissance augmentera.

Par conséquent, la pression exercée par ces insectes sera plus forte et le nombre d’interventions phytosanitaires pourrait aussi augmenter si des méthodes alternatives ne sont pas utilisées.

De plus, à l’horizon 2050, l’aire de répartition des insectes à l’étude pourrait s’étendre. Par exemple, la punaise marbrée, qui est maintenant établie dans la région de Montréal pourrait agrandir son aire de répartition au Québec. Elle pourrait s’observer jusque dans la région de la Capitale-Nationale (Figure 1).

Les changements climatiques auront aussi un impact sur les maladies. Par exemple, les infections causées par la pourriture amère (Colletotrichun acutatum) risquent d’augmenter en nombre dans le futur.

Figure 1. Dates moyennes d’apparition des adultes de la première génération de punaise marbrée selon la période de références et les scénarios de changement intérieur et supérieur (2041-2070). La figure 1 montre que la date d’apparition des adultes de la première génération serait devancée de 19 à 48 jours selon le scénario considéré. Compte-tenu du retardement attendu des premiers gels d’automne du fait des changements climatiques, la punaise marbrée sera capable d’hiberner de la Montérégie à la région de Québec dans le futur.

Lors d’ateliers de consultation avec les intervenants des différents secteurs fruitiers, des recommandations de mesures d’adaptation à mettre en place ont été identifiées. Plusieurs recommandations visent à favoriser la prévention ainsi que l’application de méthodes alternatives afin d’éviter l’apparition de la résistance dûe à l’accroissement de l’utilisation de pesticides pour contrôler des ravageurs et maladies plus problématiques.

De plus, des fiches synthèses informatives pour chaque secteur de production ont été rédigées afin d’outiller les conseillers et producteurs agricoles à faire face aux changements climatiques.

• Agriculture et Agrolimentaire Canada (AAC)

• Club environnemental et technique Atocas Québec (CETAQ)

• Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)