Alors que la saison des feux de forêt est déjà bien entamée dans les Prairies canadiennes, ses effets se font sentir à plusieurs centaines, voire des milliers de kilomètres du lieu d’origine des incendies. Au début du mois de juin, les vents ont transporté la fumée des feux qui sévissent présentement en Saskatchewan et au Manitoba jusqu’aux portes du Québec et même de l’Europe, entraînant une mauvaise qualité de l’air et une visibilité réduite dans plusieurs régions.

Figure 1 : Modélisation de la concentration maximum au sol des PM2.5 au Québec-Labrador, le 6 juin 2025 (tiré de : Environnement et Changement climatiques Canada, 2025).
Bien que les feux soient des alliés dans la régénération et la diversification des forêts, lorsqu’ils sont trop intenses ou trop fréquents, ils peuvent affecter les écosystèmes forestiers, voire le bien-être des populations.
Avec l’augmentation des températures et des conditions de sécheresses exacerbées par les changements climatiques, les saisons des feux de forêt sont plus longues et les incendies se multiplient. Ceux-ci gagnent d’ailleurs en fréquence et en intensité. Ils menacent la santé de divers écosystèmes, mais également la santé, la sécurité et le bien-être des populations exposées aux risques et aux conséquences de ces événements.
Exposition à la fumée des feux et dégradation de la qualité de l’air : un cocktail dangereux pour la santé
Si les feux de forêt peuvent avoir des effets immédiats, directs et évidents sur la santé humaine, comme des brûlures causées par les flammes, ce sont plutôt les effets indirects causés par leur fumée, qui ont le plus de conséquences sur notre santé.
En effet, la fumée émanant des incendies de végétation est un mélange complexe de polluants nocifs, notamment des particules fines (PM2.5), du monoxyde de carbone et des composés organiques volatils. Ceux-ci contribuent à dégrader la qualité de l’air ambiant et affectent la santé des populations, les particules fines étant particulièrement préoccupantes en raison de leur capacité à pénétrer profondément dans les poumons et même entrer dans la circulation sanguine.
À court terme, l’exposition à la fumée peut provoquer des problèmes respiratoires, tels que l’asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et dans une moindre mesure d’autres affections des poumons, comme la bronchite ou la pneumonie. Les personnes atteintes de maladies respiratoires préexistantes, les jeunes enfants et les personnes âgées y sont particulièrement vulnérables.
La pire qualité de l’air au monde à Montréal
Le 25 juin 2023, en pleine saison record de feux de forêt au Québec et au Canada, la qualité de l’air s’est tellement détériorée à Montréal, qu’elle a été désignée comme la pire au monde. Au même moment, la fumée s’est propagée jusque chez nos voisins du sud, enveloppant New York d’un épais nuage de fumée.
Des problèmes de santé qui peuvent s’aggraver
Au-delà des effets immédiats, la fumée des feux de forêt peut également avoir des répercussions à long terme sur la santé. Les données actuelles sont toutefois insuffisantes pour tirer des conclusions probantes. Cela s'explique notamment par la nature épisodique des incendies, la variabilité saisonnière et géographique de la fumée, ainsi que la difficulté de distinguer les PM2.5 des feux de forêt de celles provenant d'autres sources.
Cela dit, les résultats d’une étude publiée en 2022 dans la revue The Lancet Planetary Health et menée sur une période de 20 ans auprès de 2 millions de Canadiens, révèle que de vivre à proximité d’une forêt ayant brulé peut augmenter de 5 % les risques de développer un cancer du poumon et de 10 % les risques de développer une tumeur au cerveau, comparativement à une personne vivant loin des zones incendiées.
Outre les conséquences liées à la mauvaise qualité de l’air, les feux de forêt libèrent aussi des contaminants dans l'environnement, qui peuvent persister longtemps après l'extinction des flammes. Les cendres, les suies et l’érosion des sols brûlés peuvent contaminer les cours d’eau, les sources d’eau potable et pénétrer dans la chaîne alimentaire, exposant ainsi les populations locales à des risques sanitaires sur le long terme.
Et la santé mentale dans tout ça ?
En plus des conséquences sur la santé physique, les feux de forêt peuvent également avoir des impacts psychologiques importants. La perte de biens, l’évacuation forcée, la destruction de l’environnement et l’incertitude face à l’avenir peuvent provoquer des niveaux de stress élevé, de l’anxiété, et même de la dépression. Les enfants sont particulièrement susceptibles de subir des traumatismes psychologiques durables, notamment lorsqu’ils sont évacués de leur milieu de vie habituel.
Les pompiers forestiers, qui combattent ardemment les flammes, sont également exposés à des niveaux élevés de stress physique et psychologique, ce qui peut entraîner des problèmes de santé mentale comme le trouble de stress post-traumatique.
Les communautés autochtones, exposées régulièrement à des évacuations en raison de la situation géographique de leurs collectivités, ont également fait état de grand stress en raison du retrait de leur structure sociale et de leur exposition à la relocalisation. En effet, lors de l’altération ou de la destruction d’un milieu, un sentiment de détresse psychologique peut être ressenti face au changement de l’environnement, qui se traduit par une diminution du sentiment d’appartenance au territoire ou du réconfort qu’il apporte.
S’informer et miser sur des gestes préventifs
Face au panache de fumée qui recouvre présentement plusieurs régions du Québec, l’adoption de mesures préventives est essentielle pour limiter ses effets sur la santé. Celles-ci incluent le suivi des systèmes d’alerte et de surveillance du gouvernement du Canada et du Québec.
Différentes mesures à l’échelle individuelle peuvent également être entreprises, tant avant, pendant, qu’après un feu, pour limiter les conséquences sur la santé. En misant sur des mesures préventives et en renforçant la collaboration entre des acteurs d’horizons variés, nous pouvons faire face à ce défi et protéger le bien-être collectif des populations.
Pour en savoir plus sur la prévention de la fumée des feux de forêt :