Écosystèmes

Milieu terrestre

Modification de l’aire de répartition des espèces

Il est indéniable que les changements climatiques modifient les conditions des milieux terrestres. En raison du réchauffement des températures, les niches écologiques se déplacent de près de 100 kilomètres vers le nord tous les 20 ans. Les espèces animales et végétales cherchent à retrouver un climat plus frais, favorable à leur survie. Ces déplacements ont toutefois des conséquences sur la santé des écosystèmes pouvant entraîner une difficulté d’adaptation, une propagation des maladies, une augmentation des espèces exotiques envahissantes et des changements dans les réseaux trophiques. Un réseau trophique correspond au déplacement de l’énergie et des ressources au sein d’un écosystème lors des interactions alimentaires entre les espèces.

Photo : Renouée japonaise, Université McGill

Définition | Aire de répartition

L’aire de répartition, aussi appelée aire de distribution, est la zone géographique délimitant la présence d’une espèce, qu’elle soit animale ou végétale. L’aire de répartition doit réunir les conditions (températures, ressources, prédateurs, etc.) permettant aux espèces de s’adapter, en fonction de leurs attributs, afin de pouvoir survivre et se reproduire. 

Nombre d’espèces qui verront leur aire de répartition changer en raison des changements climatiques

Figure 1

Réponse potentielle de 765 espèces aux changements climatiques du xxie siècle dans le Québec méridional, Source: Berteaux, 2014

 

Plusieurs espèces d’arbres et de végétaux et certaines espèces animales ne peuvent malheureusement suivre le rythme auquel se déplace leur habitat, notamment près des limites nordiques. D’ailleurs, entre 5 et 20 % des écosystèmes forestiers pourraient ne plus convenir à plusieurs espèces d’arbres d’ici la fin du siècle. 

Certaines espèces vulnérables pourront même être menacées d’extinction en raison de leur incapacité à s’adapter aux conditions changeantes, telles que le caribou forestier, la tortue des bois, la rainette faux-grillon de l’ouest et le noyer cendré.  Les changements de répartitions pourraient donc aussi se traduire par la contraction de l’habitat, diminuant l’espace nécessaire à une population suffisamment importante et en santé.

Propagation des maladies

Le déplacement des habitats peut aussi mener à une augmentation de la propagation des maladies. Par exemple, la souris à pattes blanches, dont l'habitat se limitait aux États-Unis, peut maintenant survivre dans le sud du Québec grâce aux températures plus clémentes. Ce rongeur est toutefois l’hôte de la tique qui peut être porteuse de la maladie de Lyme qui est devenue assez fréquente dans les régions plus au sud du Québec comme la Montérégie et l’Estrie. 

C’est aussi le cas de la rage du renard arctique qui est dangereuse pour les humains. Le réchauffement climatique affecte l’aire de répartition et la qualité de l’habitat du renard ainsi que ses comportements migratoires et ses interactions. En ce sens, la dynamique d’incidence de la rage dans le futur est inconnue. 
 

 

Augmentation des espèces exotiques envahissantes    

Le réchauffement des températures favorise également la présence et la prolifération d’espèces envahissantes dont certaines sont exotiques. Au détriment d’autres espèces, les espèces envahissantes s’approprient les ressources et l’espace et peuvent causer une perte de biodiversité. Certaines d’entre elles peuvent même provoquer davantage de problèmes liés aux allergies chez l’humain. C’est d’ailleurs le cas de l’herbe à poux dont l’aire de répartition risque de s’agrandir tout comme sa production de pollen.      
 

La renouée japonaise, le myriophylle à épis, la berce du Caucase et le roseau commun sont des exemples de plantes envahissante dont la propagation est favorisée par les changements climatiques au Québec. Les plantes envahissantes entrent en compétition avec les plantes indigènes en accaparant l’espace et les ressources (lumière, nutriments). Elles empêchent ainsi d’autres espèces de se reproduire et se disperser normalement et peuvent même causer leur extinction ce qui, ultimement, nuit à la biodiversité.  Ces plantes peuvent également dégrader les sols et augmenter la propagation de certaines maladies.

Augmentation des espèces exotiques envahissantes

Comme en milieu terrestre, les changements climatiques entraînent la prolifération d’espèces envahissantes dans les cours d’eau québécois, que ce soit les lacs, les rivières ou même le fleuve Saint-Laurent. Par exemple, la croissance et la prolifération du myriophylle à épis, une plante aquatique exotique envahissante, sont favorisées par le réchauffement des températures de l’eau. 
 

Changement du rythme saisonnier et déséquilibre écologique     

Le cycle de vie des espèces est également perturbé par l’arrivée de plus en plus tardive de la neige en hiver et par sa fonte hâtive au printemps. Cela a notamment un impact sur certaines espèces qui usent de tactiques de camouflage pour se protéger de leurs prédateurs. En effet, le pelage de l’hermine devient blanc en hiver en raison de la diminution de la durée journalière d’ensoleillement. L’arrivée de plus en plus tardive de la neige rend inefficace cette technique de camouflage, l’exposant plus facilement face à ses prédateurs. Le petit mammifère doit ainsi migrer vers le nord pour adapter son cycle de vie aux changements dans les conditions du milieu.

Les variations dans la disponibilité des ressources végétales nécessaires à la survie des espèces forcent également les animaux qui en dépendent à se déplacer. Cela peut entraîner des déséquilibres écologiques comme des changements dans les stades de développement et dans les relations alimentaires des espèces et ultimement, une perte de biodiversité.
 

Milieu aquatique

Modification de l’aire de répartition des espèces

En raison des changements climatiques, les conditions des milieux aquatiques se modifient :  augmentation de la température de l’eau, diminution de la concentration en oxygène, augmentation de la concentration de gaz carbonique, acidification, etc. Ces changements ont pour effet de modifier l’aire de répartition des espèces aquatiques. En effet, ces dernières doivent migrer ou élargir leur aire d’habitat afin de retrouver les conditions propices à leur survie. Celles qui ne peuvent s’adapter à ces changements ou se déplacer vers de nouveaux habitats deviennent vulnérables et donc propices à l’extinction.
 

L’augmentation des températures de l’eau dans les lacs peu profonds durant l’été dans le nord du Québec menacerait la survie de plusieurs espèces de poissons telles que l’omble chevalier, la truite, le touladi et le saumon.

Changement du rythme saisonnier et déséquilibre écologique

L’augmentation hâtive des températures de l’eau au printemps en milieu aquatique perturbe le cycle de vie des espèces. Cette hausse de la température favorise d’ailleurs la floraison du plancton. Si la hausse des températures survient hâtivement et que le plancton fleurit trop tôt, certains crustacés et poissons ne seront pas assez développés pour s’en nourrir, causant ainsi de la mortalité chez plusieurs espèces. Pour survivre, celles-ci doivent migrer vers le nord.

Les changements dans les conditions des milieux aquatiques affectent également les relations prédateurs-proies. Par exemple, en raison du réchauffement de l’eau, la truite s’aventure en eaux plus profondes et  plus froides afin de trouver de la nourriture. Sa présence dans les lacs moins profonds et plus chauds peut donc se faire plus rare, entraînant un bouleversement de la chaîne alimentaire. Les truites sont des prédateurs importants et la modification de son comportement alimentaire a des effets sur la disponibilité de ses proies en raison des changements dans son régime.

Projet de recherche

Cartographie des impacts des changements climatiques sur l’habitat des salmonidés dans les lacs nordiques du Québec

Les gestionnaires du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs seront mieux outillés pour évaluer la qualité de l'habitat des salmonidés dans les lacs nordiques du Québec. Ils pourront ainsi prioriser les actions pour adapter la gestion de la ressource en fonction de la réponse de l'habitat du poisson aux changements climatiques, en se basant notamment sur l'évolution de la température et de l'oxygène dissous dans les lacs.

Milieu côtier

En milieu côtier, les changements climatiques occasionnent une réduction du couvert de glace et une hausse du niveau relatif de la mer. Ensemble, ils aggravent les problèmes d’érosion et de submersion côtières. Ces aléas peuvent dégrader les écosystèmes côtiers tels que les plages, les terrasses de plage, les flèches littorales, les tombolos, les cordons littoraux et les marais maritimes en les forçant à migrer vers l’intérieur des terres.
 
Or, cette migration peut être parfois freinée par des obstacles situés trop près de la côte, comme une falaise ou même une route. Cherchant à migrer, l’écosystème se retrouve coincé entre la mer et l’obstacle, un phénomène appelé coincement côtier. Les écosystèmes exposés au coincement pourraient se dégrader ou même disparaître graduellement dans les prochaines décennies si aucune mesure de planification n’est implantée pour veiller à leur protection. 

 

D’autre part, les changements climatiques entraînent dans l’estuaire du golfe du Saint-Laurent une diminution de la concentration en oxygène dans l’eau et des changements dans les températures de l’eau. Ces phénomènes pourraient causer la mortalité de différentes espèces, modifier le développement, la croissance, la reproduction, les patrons de migration ainsi que les relations trophiques entre les espèces. La sauvagine et plusieurs espèces de mollusques et de poissons se trouvant dans l’estuaire du golfe du Saint-Laurent pourraient être affectées par ces changements.

Certaines espèces, comme le phoque du Groenland, sont affectées par la baisse de l’étendue et de la durée de la glace de mer puisque la reproduction de cette espèce est possible uniquement sur la banquise. La mortalité des bébés phoques est également de plus en plus observée en raison de la perte de glace de mer.
 

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