Forêt

Déplacements et contraction des habitats forestiers

L’augmentation des températures entraîne un déplacement vers le nord des niches écologiques. En moyenne, les niches écologiques du Québec pourraient se déplacer à un rythme de 45 km par décennie. Certaines espèces végétales ne pourront migrer suffisamment rapidement vers le nord et n’auront plus des conditions favorables à leur survie. En conséquence, de 5 à 20 % des habitats forestiers pourraient devenir inadéquats pour certaines espèces d’arbres d’ici la fin du siècle. 

Zones de végétation et domaines bioclimatiques au Québec

Figure 1

Delisle, J-F. (2019). Ressources et industries forestières du Québec, Portrait statistique 2018. Ministère des forêts, de la faune et des parcs (MFFP), Gouvernement du Québec, Québec.

 

La santé et la productivité de ces zones forestières pourraient également diminuer et avoir des répercussions sur l’industrie forestière. En contrepartie, certaines espèces, notamment de feuillus, pourraient être avantagées par les températures plus clémentes. De ce fait, leur aire de répartition pourrait s’étendre, permettant une coupe forestière plus importante. Par contre, le potentiel accru de coupe forestière pourrait se retrouver limité par la limite nordique d’exploitation, déterminée par le gouvernement québécois, à moins d’un changement de celle-ci dans le futur.

Épidémies d’insectes et maladies

Les forêts du Québec sont déjà aux prises avec de nombreux insectes ravageurs tels que la tordeuse des bourgeons de l’épinette et la livrée des forêts. L’augmentation des températures permet à ces espèces d’étendre leur aire de répartition vers le nord. Par exemple, les épidémies de tordeuse des bourgeons de l’épinette pourront diminuer dans le sud de la province, mais affecter des espèces, comme l’épinette noire située plus au nord.

De plus, le réchauffement peut augmenter le nombre de générations de certains ravageurs, modifiant les relations entre les insectes et leurs hôtes. Enfin, des espèces d’insectes ou de maladies qui ne sont pas présentes actuellement au Québec, dû aux températures trop froides, pourraient également faire leur apparition.

Photo : Tordeuse des bourgeons de l'épinette (source : RNCan

Définition | Nombre de générations

Le nombre de générations fait référence au nombre de fois qu’une espèce se reproduit par année. Par exemple, la tordeuse des bourgeons de l’épinette et la livrée des forêts produisent normalement une seule génération par année.

Feux de forêt

Il est attendu que les feux de forêt soient plus fréquents et plus intenses au Québec, dû à l’augmentation des températures et de l’évapotranspiration, occasionnant des sécheresses plus fréquentes et plus importantes. De plus, la saison des feux deviendra de plus en plus longue, commençant plus tôt au printemps et se terminant plus tard à l’automne. Par ailleurs, la présence d’insectes et de maladies dans de nouvelles zones pourrait potentiellement augmenter l’inflammabilité des paysages forestiers affectés.

Des incendies plus fréquents et plus graves dégradent la biodiversité et les services écosystémiques des forêts. De plus, l’approvisionnement en bois est plus difficile, ce qui a des impacts économiques importants. Enfin, les populations rurales exposées aux feux de forêt subissent des problèmes de santé physique et mentale, et les coûts d’évacuation et les dommages aux infrastructures peuvent devenir significatifs. 
 

Changements dans la croissance des arbres

L’augmentation des températures et de la durée de la saison de croissance pourra avoir des impacts positifs sur la croissance des arbres, surtout dans les zones nordiques qui sont en ce moment limitée par des températures trop froides. Cependant, ce réchauffement pourrait dépasser le seuil de tolérance de certaines espèces, pouvant limiter les bénéfices de croissance. De plus, les changements mentionnés ci-dessus (l’augmentation des conditions de sécheresse ainsi que l’aggravation des feux et des épidémies) sont aussi des facteurs limitants à la croissance des arbres.

Influence des changements climatiques sur le secteur forestier

Le secteur forestier est très important au Québec, fournissant près de 60 000 emplois. La vitalité de centaines de municipalités dépend d’ailleurs de ce secteur. Les impacts des changements climatiques doivent donc être considérés.

Les quantités de bois récoltées pourraient diminuer à cause de la détérioration de la productivité des écosystèmes forestiers. Certaines essences forestières principales, représentant jusqu’à 72 % du volume total d’arbres marchands,  pourraient ne plus être compatibles avec leur zone d’habitat actuel d’ici la fin du 21e siècle. La qualité du bois exploité, touché par des épidémies, des sécheresses ou des feux, pourrait également diminuer.

De plus, en raison des hivers plus chauds et plus courts, l’accès aux chemins forestiers qui sont normalement gelés deviendra de plus en plus complexe, affectant négativement les activités d’exploitation forestière. En ce sens, l’industrie forestière subira les impacts des changements climatiques de différentes façons et devra inévitablement s’adapter à plusieurs niveaux.
 

Le Québec est bien connu pour son importante production de sirop d’érable. Celle-ci est dépendante des conditions climatiques, surtout printanières, et est donc sensible aux changements climatiques. Plus précisément, la saison des sucres sera de plus en plus hâtive, pouvant commencer jusqu’à 2-3 semaines plus tôt. Les régions plus au sud du Québec pourraient connaître une diminution de leur production, due à des saisons de plus en plus courtes. Ce sont les régions acéricoles plus nordiques qui pourront se retrouver gagnantes, les températures idéales pour la production de sirop se déplaçant vers le nord. Ce sont surtout le sud du Québec et les États-Unis qui seront davantage impactés. 

Projet de recherche

Acériculture et changements climatiques: Identifier les préoccupations des acériculteurs et leur transmettre la meilleure information pour promouvoir et favoriser l’adaptation

Parmi plusieurs activités économiques, la production de sirop est l’une des plus directement reliée au climat et particulièrement au climat printanier. Une augmentation de la variabilité climatique inter annuelle est de nature à inquiéter les producteurs qui redoutent les répercussions potentielles des changements climatiques sur le déplacement de la saison et le rendement à l’entaille.

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