Élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques : un guide pour accompagner les organismes municipaux
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D’ici 2030, il est prévu que la totalité des municipalités québécoises dispose d’un plan d’adaptation. Entrevue avec Isabelle Charron, cheffe de l'équipe Transfert des connaissances et formation chez Ouranos au sujet du guide pour accompagner les organismes municipaux dans cette démarche.  

Consultez le guide pour les organismes municipaux, Élaborer un plan d'adaptation aux changements climatiques.

Pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte s'inscrit l'élaboration de ce guide?


Ce guide est en fait une mise à jour d'un guide qu'Ouranos a produit en 2010. À l’époque, c'était le premier guide qui aidait les municipalités du Québec à développer un plan d'adaptation. Depuis, il s'est passé beaucoup de choses. Les connaissances scientifiques et les bonnes pratiques ont évoluées, que ce soit en sciences du climat et en adaptation. Il était temps de le mettre à jour. 

Dans le cadre de son Plan de mise en œuvre 2023-2028 du Plan pour une économie verte 2030, le gouvernement du Québec a annoncé un soutien aux municipalités pour les aider à développer des plans climat. Cela concerne à la fois l’atténuation des émissions et l’adaptation aux changements climatiques, au travers du programme Accélérer la transition climatique locale (ATCL).

Pour soutenir les municipalités dans cette démarche et les outiller, le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs s’est allié à Ouranos pour produire cette nouvelle version du guide Élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques. Le guide vise donc à faciliter le développement du volet « adaptation » des plans climat.
 

Souvent, on entend dire que les municipalités sont sur la ligne de front de la lutte contre les changements climatiques. Qu’en est-il pour l’adaptation ? 


Oui, c’est vrai, les municipalités sont au front. On peut bien parler des changements climatiques à l'échelle mondiale ou à l'échelle du Québec mais les changements observés varient même à une échelle régionale et locale et les répercussions sont ressenties différemment à l’échelle des communautés. 

Lorsqu’on parle d'adaptation aux changements climatiques, ça se fait à une échelle qui souvent est très locale. On ne peut pas penser les mesures d'adaptation en regardant les risques à l’échelle du Québec ou du globe. On doit analyser et prendre des décisions selon le contexte local. 

Les municipalités connaissent leur territoire et disposent d’outils. Elles disposent d’une certaine autonomie pour mettre en œuvre l’adaptation. Elles maitrisent des leviers facilitateurs comme les schémas d'aménagement, les codes et les règlements municipaux. 

Sans le savoir, certaines municipalités font déjà de l’adaptation aux changements climatiques. Avec ce guide, il s’agit d’aller plus loin dans l’analyse de leurs risques et dans la planification de l’adaptation en suivant une démarche éprouvée. 
 

Est-ce que les petites municipalités peuvent s’emparer aisément de la méthode proposée ? 


Produire un plan d’adaptation, il est certain que c’est un petit défi pour des municipalités qui n’ont pas toujours l’expertise pour le faire. C’est pourquoi nous les encourageons à se regrouper pour travailler ensemble et établir un plan à une échelle un peu plus large tout en prenant en compte les spécificités de chaque municipalité. Et justement, pour faciliter ces collaborations, le financement offert dans le cadre du programme Accélérer la transition climatique locale, permet de se regrouper à l'échelle de la MRC.
 

Quelles sont les principales étapes d'un plan d'adaptation au changement climatique présenté dans ce guide?


Avec ce guide, nous proposons une démarche d’adaptation en cinq étapes. La première étape, c’est la désignation de l’équipe projet. Nous recommandons de nommer ce que l’on appelle un « champion » de l’adaptation, c’est-à-dire une personne qui va conduire la démarche du début à la fin et coordonner une équipe d’experts pluridisciplinaires, choisis à l’interne ou venant de l’externe. Concrètement, les municipalités n’ont pas forcément un climatologue parmi leurs équipes, mais, à un certain moment de la démarche, cette expertise sera nécessaire. Il faut très tôt identifier ces besoins en expertises.

La deuxième étape est ce qu'on appelle l'établissement des objectifs, de la portée et du cadrage de la démarche : veux-ton mettre en place des mesures d'adaptation ? Accroître la résilience de notre municipalité ? À l’échelle de la municipalité, de la MRC ou du bassin versant ? 

C’est à cette étape que l’on cadre notre échelle d’analyse et aussi les principaux systèmes sur lesquels on veut travailler. Par exemple, l’on peut choisir de se concentrer sur les infrastructures bâties, sur les infrastructures routières ou sur la population. Il s’agit aussi d’identifier les aléas climatiques auxquels est confronté le territoire actuellement comme, par exemple, des chaleurs intenses en été, ou des précipitations extrêmes, tout en anticipant les changements à venir. C’est à cette étape que débute la collecte de données.

La troisième étape est l’appréciation des risques. C’est le cœur de la démarche qui se décline en trois grandes étapes : identification, analyse et évaluation. Il s’agit ici de quantifier à quel point les aléas climatiques vont changer dans le futur. Seront-ils plus fréquents ? Plus intenses ? 

Il faut également mesurer les conséquences de ces aléas sur les systèmes précédemment identifiés. Par exemple, est-ce qu’à l’avenir les feux de forêt vont être plus fréquents dans tel secteur de la municipalité. Quelles seront les conséquences pour les lignes électriques ? C’est ainsi que l’on fait une appréciation des risques, permettant ensuite de prioriser les mesures d’adaptation à entreprendre. 

Cela nous amène alors à la quatrième étape, celle du traitement des risques qui doivent être classés du plus prioritaire au moins prioritaire.  Un calendrier des mesures d’adaptation à mettre en œuvre est ensuite établi, incluant la définition d’indicateurs de suivi. 

Enfin, la cinquième et dernière étape est la production du plan d’adaptation et son suivi. Il s’agit d’une feuille de route qui permettra à la fois d’informer la population et de donner aux décideurs l’information nécessaire pour prendre des décisions éclairées.  L’ajustement des mesures et du plan est aussi un élément important de cette étape. L’adaptation n’est pas une finalité, mais plutôt une démarche itérative, qui doit être ajustée dans le temps.
 

Les municipalités ne sont pas toutes impactées de la même manière par les changements climatiques. Comment vous êtes-vous assuré que la méthode proposée pouvait s'adapter aux contextes locaux?


La méthode proposée est solide et a l’avantage d’être flexible. Elle est standardisée à l’échelle mondiale, cohérente avec les bonnes pratiques en la matière et basée sur les normes ISO 14090, 14091 et 31000. 

Ce guide Élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques a été conçu pour que tous les acteurs du monde municipal québécois puissent s’en emparer. 
 

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