Le système alimentaire québécois à l’ère des changements climatiques
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L’intensification observée et attendue des changements climatiques risque d’accentuer les vulnérabilités des systèmes alimentaires. Face à ces défis, il est capital de soutenir la mise en œuvre de stratégies d’adaptation pour assurer la sécurité alimentaire de la population face à un climat changeant. 

Les phénomènes climatiques, qu’il s’agisse de pluies abondantes ou de périodes de sécheresses, ont des répercussions qui peuvent marquer durablement les terres agricoles. L’apparition de nouvelles espèces invasives ou d’insectes ravageurs aggrave encore davantage cette situation, rendant ainsi la gestion de l’agriculture particulièrement complexe. 

Effet domino sur la chaîne d’approvisionnement 

Rappelons qu’un système alimentaire comporte 4 maillons, soit la production, la transformation, la distribution et la consommation. Des répercussions du producteur au consommateur se font donc ressentir.

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Schéma de la chaine d’approvisionnement du système alimentaire. Ouranos. 2024.

L’évolution projetée du climat amplifie certains risques, tels que la mortalité hivernale des cultures fourragères pérennes, le ruissellement de surface et l’érosion des sols lors d’épisodes de pluies intenses ou encore l’altération du bien-être et de la productivité des animaux d’élevage lors des épisodes de canicules.

Les changements climatiques peuvent toutefois être source d’opportunités. Par exemple, l’allongement et le réchauffement de la saison de croissance est favorable à la productivité de certaines cultures, comme le maïs et le soya et à l’introduction potentielle de nouvelles variétés et espèces dans une région nordique telle que le Québec.

Les défis auxquels est confronté le maillon de la production ont des répercussions importantes sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. En effet, une diminution de la quantité et de la qualité des produits récoltés, due par exemple à des conditions climatiques extrêmes, entraine des hausses de prix, et donc un effet en cascade sur les autres maillons de la chaîne, soit la transformation, la distribution et, finalement, la consommation.

La production, un maillon pas si unique 

Les changements climatiques, et particulièrement les phénomènes climatiques extrêmes, ont donc des impacts directs et indirects sur l’ensemble de ces maillons et non pas uniquement sur celui de la production. Ces impacts peuvent d’ailleurs affecter plus d’une étape de la chaine. 

  • La vulnérabilité des infrastructures se décline notamment par le maintien de la chaîne de froid qui peut se voir fragilisée en raison d’un problème d’approvisionnement en énergie. Concrètement, il s’agit du même phénomène que lors de la perte d’aliments contenus dans le réfrigérateur en raison d’une panne électrique.

  • La distribution devra quant à elle s’adapter à de possibles perturbations des modes de transport en lien avec des aléas climatiques plus fréquents et plus intenses. À titre d’exemple, une tempête de neige peut causer des retards à une livraison en raison de conditions difficiles, voire de routes impraticables.

Ultimement, les impacts des changements climatiques sur les différents maillons des systèmes alimentaires peuvent avoir des conséquences non négligeables sur la sécurité alimentaire et la santé des Québécoises et Québécois, notamment les populations vulnérables ou isolées.

Et si on activait quelques leviers?

La résilience des systèmes alimentaires doit être renforcée, du champ à l’assiette. Pour cela il est nécessaire d’avoir l’engagement et la collaboration d’un grand nombre d’acteurs et la coordination d’un éventail d’interventions.

Des solutions existent et les opportunités sont nombreuses. L’accompagnement des différents acteurs est certainement un des leviers les plus prometteurs. À titre d’exemple, l’initiative Agriclimat démontre qu'en accompagnant des acteurs de terrain comme les producteurs agricoles du Québec, nous pouvons co-construire des solutions innovantes et adaptées aux réalités locales.

S’il reste utile de renforcer les connaissances sur les impacts des changements climatiques et d’encourager l’exploration continue de nouvelles opportunités et solutions pour le secteur de la production, c’est d’autant plus nécessaire en ce qui concerne les secteurs de la transformation, la distribution et la consommation. Sensibiliser et informer les acteurs de ces maillons est tout aussi indispensable.

La participation de la population dans la démarche d’adaptation est également un levier à prendre en compte. En effet, inclure les consommateurs dans les prises de décision et les périodes de réflexion visant les changements dans les pratiques, et plus particulièrement les populations vulnérables ou isolées, pourrait aider à la co-construction de solutions d’adaptation efficaces et ultimement atténuer les problèmes d’approvisionnement et d’insécurité alimentaire.

Les défis sont nombreux, le climat et les connaissances continuent d’évoluer. Des leviers pour à la fois gérer les risques et saisir les opportunités que nous offrent les changements climatiques sont possibles. La collaboration est la clé pour une meilleure résilience des secteurs agricoles et alimentaires du Québec.
 

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