Inondations
Changements dans les régimes hydrologiques
Depuis l’ère préindustrielle, la température moyenne annuelle au Québec s’est réchauffée de 1 à 3°C et cette tendance est appelée à se poursuivre. Les changements de température modifient le cycle de l’eau et peuvent affecter plusieurs paramètres hydrologiques (précipitations, fonte de la neige et de la glace, évapotranspiration, etc) qui influencent directement la probabilité d'occurrence des différents types d’inondations.
Différents types d’inondations au Québec
Les inondations en eau libre ont lieu lorsque des rivières débordent de leur lit, car elles doivent drainer trop d’eau. Elles surviennent généralement au printemps lors de la fonte des neiges, mais peuvent aussi avoir lieu en été et en automne à la suite d’événements de précipitations extrêmes.
Les inondations par embâcles surviennent lorsqu’une accumulation de glaces flottantes ou de frasil sur une rivière crée une sorte de barrage temporaire faisant déborder l’eau en amont.
Les refoulements des réseaux de canalisation en milieu urbain surviennent souvent à la suite d’événements de précipitations extrêmes. Ils peuvent engendrer des inondations importantes.
La submersion côtière est l’inondation du littoral par la mer. Elle survient lors de tempêtes maritimes et est exacerbée par le rehaussement marin et la diminution de l’englacement des côtes.
De manière générale, les cours d’eau du Québec méridional seront sujets à des redoux hivernaux plus fréquents, et à des hivers plus courts devançant significativement l’arrivée des crues printanières dans l’ensemble du Québec. Celles-ci seront plus hâtives d’une à deux semaines d’ici la moitié du siècle et de deux à trois semaines d’ici la fin du siècle.
Il est aussi attendu que les précipitations sous forme de pluie en hiver et au printemps augmentent et que les épisodes de pluie extrêmes en été et en automne s’intensifient. En intégrant ces changements dans l’étude des probabilités d’occurrences des débits relatifs aux inondations en eau libre, il est possible d’identifier certaines tendances pour le Québec. D’abord, il est attendu que les volumes de crues printanières soient plus forts au nord de la vallée du Saint-Laurent et plus faibles dans l’extrême sud du Québec, mais la tendance reste incertaine pour de nombreuses rivières. Enfin, il est prévu que la pointe des crues estivales et automnales soit plus élevée sur une large portion du Québec méridional. L’évolution future des débits des rivières variera grandement en fonction d’une diversité de composantes telles que la taille des bassins versants, leur situation géographique, l’occupation du territoire, les saisons, etc.
Les inondations par refoulement de conduite seront exacerbées par l’augmentation des événements de précipitations extrêmes en été et en automne, surtout en milieu urbain où le ruissellement est plus important en raison de l’imperméabilisation des surfaces.
Au Québec, les embâcles de rivières génèrent chaque année des inondations soudaines, surprenantes et intenses qui mettent à l'épreuve les capacités des services de sécurité publique. Ce type d'inondation est généralement imprévisible et apparaît souvent chaotique, car son occurrence dépend de l’interaction de multiples paramètres météorologiques, hydrologiques, glaciaires et morphologiques. L’impact des changements climatiques sur ce type d’inondation a fait l’objet d’une étude sur quelques rivières au Québec. Les résultats varient grandement selon les rivières, mais montrent que, globalement, les inondations dues aux embâcles provoqueront davantage de dégâts à l'avenir. Les connaissances sur l’évolution de cet aléa en raison des changements climatiques en sont à leurs balbutiements et sont appelées à se développer au cours des prochaines années.

Figure 2 : Aléa x vulnérabilité = risque (MELCC)
Dans le contexte des catastrophes, comme les inondations, le risque représente la combinaison entre la présence d’un aléa ainsi que la vulnérabilité du territoire et de la société exposés à l’aléa. Ensemble, ces composantes influencent la possibilité de subir des effets négatifs. Il n’y a donc pas que les fluctuations du cycle hydrologique qui influencent le risque de subir un sinistre, mais aussi la configuration des personnes et des biens situés en plaine inondable. Les choix d’aménagement du territoire représentent plus que jamais un enjeu primaire dans l’évolution du risque d’inondation au Québec qui doit composer avec des facteurs de croissance démographique et de développement urbain. En effet, les impacts des inondations sont de plus en plus coûteux et cela est en grande partie attribuable à une exposition grandissante de nos actifs, à la valeur croissante des biens et à une mauvaise connaissance du risque.
Photo : https://agrcq.ca/
Impact des inondations sur la société
Si les inondations ne sont pas particulièrement meurtrières au Québec, leurs impacts immédiats sont nombreux. Elles peuvent causer des dommages matériels et perturber les services essentiels. Par exemple, elles peuvent causer des interruptions d'approvisionnement en eau potable, des pannes d’électricité et de services de télécommunications, des routes inaccessibles et des perturbations dans les services de santé. Certaines activités économiques peuvent aussi être perturbées, par exemple, il arrive que des inondations détruisent les récoltes de champs agricoles. On peut aussi voir des commerces inondés et forcés de cesser leurs activités.
Les inondations ont également des impacts sur la santé mentale et physique des personnes affectées. Elles causent de graves perturbations dans la vie des citoyens exposés et sont associées à un risque accru de symptômes ou de troubles liés au stress post-traumatique, à l’anxiété et à un important sentiment d’insécurité à long terme. Sur le plan physique, on assiste notamment à des blessures, à des noyades, des accidents lors de la conduite de véhicules sur des routes inondées et à l’exacerbation de maladies chroniques préexistantes. De nombreuses caractéristiques socioéconomiques comme le fait de vivre seul, d’avoir un faible revenu, d’avoir un certain âge, d’avoir récemment immigré, de ne parler ni le français ni l’anglais, peuvent faire en sorte que des personnes vivent les conséquences des inondations de manière exacerbée.
Photo : Croix-Rouge canadienne
Les dernières décennies ont été marquées par une succession de sinistres d’inondation dans plusieurs communautés du Québec et d’importantes conséquences en ont découlé. Ces sinistres ont occasionné des dommages matériels aux équipements publics (ex. routes, ponts, aqueducs, écoles, hôpitaux, réseaux de télécommunications, etc.) et aux biens privés (ex. résidences, terrains, mobilier, automobiles, objets, etc.). En 2017, les inondations printanières ont touché plus de 5 300 résidences et endommagé près de 400 routes à travers le Québec.
En considérant uniquement les dépenses gouvernementales, il est estimé que le coût moyen des inondations a été de l’ordre d’environ 70 M$/an entre 1991 et 2013, mais les inondations de 2017 et 2019, ont significativement fait grimper la facture représentant respectivement 360 M$ et 438 M$, selon le Ministère de la Sécurité publique. Des coûts additionnels demeurent inévitablement assumés par les sinistrés malgré l’aide financière qui leur est offerte et malgré les possibles réclamations d'assurances. S’ajoutent à ces montants, les coûts indirects liés à la perte d’activités économiques et aux impacts sur la santé physique et psychologique des sinistrés.

Source : Institut canadien pour des choix climatiques