Bilan estival : une nouvelle réalité climatique déjà installée
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L’été 2023 restera gravé dans les mémoires comme une saison d’événements extrêmes ayant fait prendre conscience à plusieurs que l’histoire du climat telle que nous la connaissons est en pleine transformation. Alors que les populations se préparaient à accueillir le soleil estival, une série de phénomènes naturels d’une rare intensité s’est manifestée, au Québec comme partout dans le monde. Des feux de forêt aux glissements de terrain en passant par des épisodes de chaleur extrême, des orages violents et des inondations, l’été 2023 a été marqué par d’importants événements météorologiques et climatiques.

Nouvelle réalité climatique

L’été vécu au Québec et ailleurs dans le monde nous montre en effet un climat plus turbulant qu’à l’accoutumé, alors que les projections climatiques pour le futur prévoient notamment une hausse des précipitations extrêmes et de la température dans la province québécoise. Une nouvelle étude de la World Weather Attribution, à laquelle l’UQAM et Ouranos ont contribué, constate d’ailleurs que la sévérité de la saison des feux de forêt au Québec entre mai et juillet 2023 a été 50 % plus intense à cause des changements climatiques provoqués par l’activité humaine. Certains événements extrêmes vécus cet été, comme l'occurrence des tornades ou des glissements de terrain au Québec sont, quant à eux, plus difficiles à prévoir et à attribuer aux changements climatiques mais illustrent la nécessité de réduire notre vulnérabilité. 

Il n’en reste pas moins que les derniers mois ont été une période de défis : les événements extrêmes se sont multipliés et ont mis à l’épreuve la résilience des populations. La gestion efficace de ces phénomènes souligne l’importance de la préparation, de la planification et de la collaboration dans la lutte contre les aléas climatiques, mais surtout de la prévention. L’objectif n’est donc pas seulement de réagir face à ces phénomènes, mais également d’agir en amont, et ce dès maintenant, afin de prévenir les conséquences des événements extrêmes découlant des changements climatiques. Il en va de la santé et la sécurité de la population.

L'adaptation, une solution essentielle

Ces événements récents nous permettent de tirer des leçons tout en rappelant l’importance de mettre en place des solutions pour s’adapter au climat changeant. Alors que l’été touche à sa fin, diverses mesures d’adaptation concrètes ont été mises en place, mais il est clair que nous pouvons les renforcer et les planifier plus efficacement pour faire face à l’urgence climatique actuelle et future.   

En unissant nos forces, en investissant dans la recherche, en développant des politiques publiques structurantes et en adoptant des pratiques durables, nous sculptons un Québec résilient, prêt non seulement à affronter les changements climatiques, mais également à façonner un avenir prometteur pour les générations à venir. 

Retour sur les événements extrêmes de l'été

Juin 2023 : Un mois chaud et sec au Québec

Bien que juillet et août 2023 aient été les mois les plus chauds jamais enregistrés sur Terre, au Québec, c’est en juin que les chaleurs d’été se sont fait particulièrement ressentir. Il est devenu le mois le plus sec et le quatrième plus chaud enregistré des cent dernières années avec seulement 62 % des précipitations habituelles et une température moyenne dépassant la normale de 2,3°C.

feu de forêt actualité bilan estival

 

Des feux de forêt ravageurs

Durant cette saison caractérisée par des conditions météorologiques et climatiques exceptionnelles, le Québec a également été confronté à un adversaire redoutable : les feux de forêt. Dès le mois de mai, des épisodes de chaleurs extrêmes combinées à un manque prolongé de précipitations ont créé les conditions météorologiques idéales pour la création et la propagation rapide d’incendies de forêt sur le territoire. 

À ce moment, les vastes étendues boisées qui font la fierté de la province se sont transformées en énormes brasiers, brûlant tout sur leur passage. De l’Abitibi-Témiscamingue à la Côte Nord, en passant par le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Haute-Mauricie et le Nord du Québec, les feux de forêt se sont multipliés affectant près de 5,3 millions d’hectares de forêts, ce qui est nettement supérieur à la moyenne des 10 dernières années, où environ 43 000 hectares de forêts brûlent généralement. À l’heure actuelle, 674 incendies de végétation sont survenus dans la province depuis le début de l’année, ce qui dépasse également la moyenne décennale de 476 feux recensés annuellement à l’échelle du Québec.

En plus d’entraîner l’évacuation de plusieurs milliers d’habitants, les feux de forêt de l’été 2023 ont dégradé la qualité de l’air à plusieurs centaines de kilomètres de leur point d’origine. Alors que la ville de Montréal a été recouverte de smog pendant quelques jours, la qualité de l’air de la métropole a été considérée comme la pire au monde, le 25 juin. La fumée s’est également dispersée de l’autre côté de la frontière, notamment à New York. 

Face aux feux de forêt ravageurs en 2023, les recommandations du dernier rapport du Bureau du Forestier en chef sont sans équivoque : une profonde réflexion  sur l’aménagement forestier au Québec doit être entreprise. Les résultats de cette réflexion visent à adapter nos pratiques forestières et nos forêts à de nouvelles conditions climatiques. Les connaissances scientifiques et climatiques dans ce domaine appuient fortement les récentes déclarations du Forestier en chef. 

Un cocktail météo violent et destructif

Alors que les précipitations étaient sous la normale saisonnière au début de l’été, des orages violents amenant d’importantes quantités de pluies se sont multipliés au cours de la saison estivale, particulièrement au mois de juillet.

Les orages du 13 juillet dernier ont d’ailleurs été parmi les plus violents de la saison. Rappelons qu’ils ont balayé la province avec des vents forts et ont déversé d’importantes quantités de pluies sur tout le territoire. Des tornades - un phénomène relativement rare au Québec - ont également été confirmées à Mirabel et à Saint-Thomas, dans Lanaudière. Des arbres ont été endommagés, mais personne n’a été blessé.

D’autres orages violents et les pluies torrentielles qui en ont découlé ont également engendré différents phénomènes chaotiques au Québec. Alors que le secteur du Fjord du Saguenay recevait entre 75 et 100 millimètres de pluie au début du mois de juillet, un important glissement de terrain est survenu dans la municipalité de Rivière-Éternité. En plus de mener à l’évacuation de nombreux habitants et plaisanciers, 2 personnes y ont perdu la vie.

Toujours en juillet, de fortes pluies ont fait grimper le niveau de l’eau de nombreuses rivières de la région de la Capitale nationale et de l’Estrie. Plusieurs municipalités ont été poussées à déclarer l’état d’urgence locale, en raison de multiples inondations qui ont eu lieu dans ces régions. Plusieurs résidences ont également été évacuées.

Les orages violents et les précipitations intenses qui en en découlés, cet été, ont clairement mis en évidence la nécessité de mieux gérer les pluies abondantes au Québec. Il est désormais évident que l’aménagement du territoire et des infrastructures adaptés s’avèrent essentielles. 

Un réchauffement marqué des océans

Le service climatique européen Copernicus a d’ailleurs annoncé début septembre que la température des mers et des océans à l’échelle mondiale a atteint une température record de 21 °C en moyenne, en date du 31 août 2023. Cette augmentation dramatique est un indicateur préoccupant des changements climatiques en cours et contribuent aux impacts des changements climatiques. La température des mers et océans, phénomène surveillé depuis plusieurs décennies à l’échelle mondiale, est à la hausse. Celui-ci est susceptible d’engendrer davantage de conséquences et catastrophes naturelles. Cela est d’ailleurs le cas cette année avec une saison des ouragans particulièrement intense malgré la présence du phénomène El Niño.

Il n’a pas fait beau cet été : une impression ?

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un événement extrême à proprement dit, le manque d’ensoleillement dans la province représente tout de même un phénomène distinctif de l’été qui tire à sa fin.

Alors que la chaleur et le soleil étaient bien présents au début de l’été, nul n’aurait cru que le reste que la saison estivale 2023 deviendrait la plus grise jamais enregistrée. En effet, si l’on compile le nombre total d’heures de beau temps - qui correspond à moins de 50% de couverture nuageuse durant le jour - Montréal n’aurait connu qu’entre 340 et 370 heures de ciel dégagé, tandis que Québec aurait enregistré entre 270 et 300 heures d’ensoleillement au cours de la saison estivale. Dans les deux cas, ces nombres sont nettement en deçà des données enregistrées depuis le début des années 1950 - moment où l’enregistrement des données sur le nombre d'heures d'ensoleillement a commencé.

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