Les écosystèmes fournissent des services essentiels aux sociétés humaines : ils contribuent, par exemple, à réguler le climat, purifier l’eau et limiter les impacts des inondations.
Pour s’adapter aux changements climatiques, les sociétés humaines et les écosystèmes réagissent différemment: les communautés réagissent aux impacts qu’elles subissent ou sinon tentent de les anticiper, alors que les écosystèmes s’ajustent aux perturbations de manière autonome et progressive grâce à des processus écologiques et évolutifs.
En s’inspirant du fonctionnement des milieux naturels et en adoptant des solutions fondées sur la nature, les collectivités peuvent renforcer leur résilience et réduire les risques liés aux aléas climatiques. Ces phénomènes mettent à rude épreuve les municipalités et secteurs économiques du Québec. La multiplication et l’intensification des événements extrêmes alourdissent les coûts associés et les poussent à revoir leurs approches de planification, de gestion des infrastructures et de protection des populations.
Depuis le début de l’été, la province a subi des chaleurs records, de fortes pluies, des inondations et des glissements de terrain. Plusieurs régions côtières sont également à risque de submersion. Parallèlement aux efforts d’adaptation aux changements climatiques, le Québec s’est aussi engagé à réduire ses émissions de GES (37,5 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030) et à protéger la biodiversité (30 % du territoire d’ici 2030).
Dans cette optique, les solutions fondées sur la nature permettent le développement de mesures s’attaquant à ces trois fronts.
Quelles solutions la nature offre-t-elle pour nous adapter ?
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) définit les solutions fondées sur la nature comme des actions visant à protéger, à gérer durablement et à restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés. Elles permettent de relever les défis sociétaux de manière efficace et adaptative, tout en offrant des avantages en termes de bien-être humain et de biodiversité. Ces approches ont déjà fait leurs preuves au Québec.
- En milieu urbain, des solutions comme les jardins de pluie, les toits verts et la plantation d’arbres en bordure de rue utilisent la nature pour gérer les eaux pluviales. Cela permet de favoriser l’infiltration, d’améliorer la qualité de l’air et de rafraîchir les quartiers en ajoutant de l’ombrage. Ces aménagements réduisent les îlots de chaleur et limitent les risques d’inondation pluviale, ils embellissent également l’espace public. L’exemple du réaménagement de l’avenue Papineau au nord de Montréal illustre cette approche combinant nature et infrastructures (dites grises ou classiques). En plus de la réhabilitation des égouts et aqueducs, le projet intègre plusieurs milliers de végétaux, des bassins de biorétention et des noues végétalisées. Ces infrastructures vertes agissent comme des éponges et réussissent à détourner près de 100 000 m³ d’eau de l’égout.
- En milieu agricole, les solutions fondées sur la nature peuvent contribuer à protéger les sols, préserver les cultures et favoriser la biodiversité. Elles incluent des pratiques comme l’agroforesterie, les bandes riveraines végétalisées ou les haies brise-vent. Ces solutions permettent de réduire l’érosion et d’améliorer la résilience des cultures face aux aléas climatiques comme les pluies extrêmes et les inondations. Elles produisent également des co-bénéfices, comme la réduction de la pollution diffuse d’origine agricole. Des subventions aux agriculteurs du bassin versant du lac Boivin dans la MRC de la Haute-Yamaska ont permis la mise en place de telles interventions. Elles visent à maintenir les sols et réduire l’eutrophisation du lac.
- Dans les régions côtières du Québec, comme celles du Bas Saint-Laurent ou de la Gaspésie, l’érosion et la submersion côtières représentent un risque important. Pour en limiter les impacts sur les habitats côtiers, on peut recourir à des approches naturelles comme la revégétalisation des berges avec des espèces indigènes ou l’installation de clôtures vivantes suivant les contours naturels des terrains.
La conservation des milieux naturels joue également un rôle clé dans différents environnements. Par exemple, les milieux humides aident à réguler les surplus d’eau lors de pluies extrêmes ou lors de crues, tout en contribuant au maintien de la qualité de l’eau. Les milieux humides peuvent aussi agir comme une zone tampon contre les feux de forêt, soutenir une riche biodiversité et avoir une capacité de stockage de carbone significative.
Quels obstacles limitent leur déploiement à grande échelle ?
Malgré leur potentiel, les solutions fondées sur la nature se heurtent à certains défis. Leur valeur pour la société reste sous-estimée, en comparaison d’approches plus classiques, comme la construction de digues, la réfection des réseaux de canalisation et les systèmes de climatisation.
Il existe également un risque d’instrumentalisation de la nature, par exemple en plantant des arbres dans le seul but de compenser les émissions de carbone. Il s’agit plutôt de repenser nos pratiques pour intégrer davantage la nature dans l’aménagement du territoire. La mise en œuvre des solutions fondées sur la nature nécessite une vision et une planification à long terme. Comme elles font partie du vivant et sont affectées par le climat, leur pérennité dépend d’un suivi, d’une évaluation et d’un ajustement constants.
La sensibilisation et l’engagement des communautés sont essentiels pour réussir les solutions fondées sur la nature. Cela demande un dialogue continu entre citoyens, élus et experts afin de co-construire des projets adaptés aux réalités locales. Il est aussi important de soutenir les initiatives citoyennes existantes, comme les jardins partagés, les corridors écologiques ou les programmes de science participative. Enfin, la coordination entre secteurs et une gouvernance inclusive sont indispensables pour garantir leur efficacité.
Pour en savoir plus
Les solutions nature pour le climat en milieu municipal : un guide pratique proposant des pistes concrètes pour les municipalités, développées dans le cadre du projet En mode solution nature, par Nature Québec et SNAP Québec.
S’adapter au climat par le verdissement : un outil d’accompagnement développé par l’UMQ pour les municipalités cherchant à intégrer les infrastructures végétalisées.