Dossier spécial : Les inégalités sociales et les changements climatiques
Les inégalités font partie de toute société. Elles sont néanmoins exacerbées par les changements climatiques. En effet, des indicateurs d’inégalité, tels que la qualité de vie, le statut socioéconomique, la santé et la sécurité des populations, sont fortement touchées par les aléas climatiques.
Ces impacts s’observent et sont d’ailleurs déjà projetés dans le futur : la Banque mondiale estime que plus de 100 millions de personnes pourraient basculer vers la pauvreté en 2030 du fait des changements climatiques.
Il s’avère donc primordial de s’intéresser aux inégalités dans le contexte des changements climatiques, afin de mieux les comprendre et de les prendre en considération.
Les types d'inégalités
Inégalités sociales
Elles sont caractérisées par une répartition inégale des ressources essentielles entre les membres d’une même société. Elles sont dites « sociales », car elles résultent de l’organisation et du fonctionnement de la société. Autrement dit, elles sont le produit de la hiérarchisation des individus et des groupes sociaux.
Parmi les ressources essentielles inégalement distribuées, on retrouve les ressources matérielles, les ressources culturelles et sociales, et les ressources de pouvoir.
Inégalités économiques
Elles font référence à la manière dont les ressources matérielles sont réparties au sein de la société. Elles peuvent se manifester par des phénomènes sociaux comme la pauvreté et la cohésion sociale. Elles peuvent également entraver la lutte contre certains défis majeurs, tels que les changements climatiques.
Pour en savoir plus sur la notion d'inégalités :
Ces types d’inégalités peuvent être mesurer selon différents indicateurs :
Des facteurs sociaux (âge, accès à la santé et à l’éducation, pouvoir décisionnel, possibilité d’ascension sociale, lieu de résidence, groupe ethnique ou culturel et genre.)
Des critères économiques (revenus, patrimoine financier, emploi et biens fonciers)
Il est important de noter que l’ensemble des inégalités sont interreliées et cumulatives. Elles sont rarement indépendantes et peuvent s’entrecroiser ou s’additionner.

Figure 1 : Représentation de l'intersectionnalité des inégalités (inspiré de : Marianne-Sarah Saulnier, 2024)
Les inégalités liées au climat
Dans un contexte de changements climatiques, les inégalités peuvent prendre différentes formes.
À l'échelle mondiale, les pays en développement sont davantage touchés par les effets des changements climatiques, bien qu’ils y contribuent moins. À l’inverse, les pays riches émettent le plus de gaz à effet de serre (GES), tout en subissant moins de conséquences. Par exemple, les archipels de Tuvalu, de Kiribati ou encore les Maldives sont de très faibles émetteurs, mais font face à un risque majeur de submersion côtière.
Cette dynamique d’inégalité de contribution s’observe également à l’échelle des individus. Au Québec, l’empreinte carbone des ménages varie considérablement d’un foyer à un autre. L’Institut de Statistique du Québec a démontré que les émissions de GES des ménages les mieux nantis est au moins trois fois supérieur à celles des ménages les moins nantis.
Les politiques d'atténuation et d'adaptation face aux changements climatiques doivent prendre en compte les inégalités, tant au niveau international que régional, en veillant à une répartition équitable des actions et des financements.
Cependant, ces politiques peuvent parfois être inégalitaires, en excluant certaines populations, menant à la maladaptation.
Les générations actuelles et futures sont et seront beaucoup plus exposées aux effets des changements climatiques que les précédentes générations. Elles auront également moins de ressources pour y faire face.
Il est important que les instances décisionnelles reconnaissent que les émissions de gaz à effet de serre et les politiques passées et actuelles imposent des coûts et des répercussions incontournables pour les générations futures. Ce type d’inégalité fait appel au principe de responsabilité - concept qui implique de tenir compte des conséquences sur l’environnement et sur les générations futures lors de la prise de décision.
Sous l’influence de mécanismes géopolitiques et socio-économiques complexes, certains pays sont plus sensibles aux impacts néfastes des changements climatiques. Par ailleurs, certains pays peuvent également être plus exposés à certains phénomènes climatiques, par exemple les inondations, les sécheresses et les feux de forêt du fait de leur positionnement géographique et de leur climat initial.
À l’échelle des populations, certaines catégories de personnes présentent plus de facteurs de vulnérabilités aux changements climatiques que d’autres catégories.
La notion d’inégalités réfère intrinsèquement au concept de justice et de droit. En ce sens, les individus devraient avoir accès de manière équitable à certains droits tels que le droit à la sécurité, le droit à un environnement sain, le droit à la santé, etc. De plus, tous les groupes sociaux d’une même société devraient être impliqués de manière équitable dans l’action décisionnelle en lien avec les changements climatiques, afin de maximiser la prise en compte de leurs besoins.

Les populations vulnérables du Québec
Au Québec, certaines catégories de population sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques en raison de certains facteurs socioéconomiques :
Les personnes âgées
Les populations racisées
Les jeunes enfants
Les femmes enceintes
Les résidents des régions nordiques éloignées
Les personnes socialement ou économiquement défavorisées
Certains travailleurs, par exemple les intervenants d’urgence ou les travailleurs extérieur
Les personnes en statut migratoire précaire ou en situation d’itinérance
Les personnes vivant avec des maladies chroniques, des handicaps, des maladies mentales ou des dépendances
Certains individus sont davantage exposés aux aléas climatiques en raison de discriminations liées au colonialisme, au sexe, à la classe sociale ou à l'appartenance ethnique.