Titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’environnement de l’Université du Texas et d’une maîtrise en biologie à la Western Washington University, Jake Lawlor s’est rapidement passionné pour l’étude des effets des changements environnementaux sur la vie marine.
Au fil de ce parcours, il a acquis de solides compétences en programmation, en statistiques et en science des données, tout en affinant son intérêt pour l’influence du climat sur la répartition des espèces. Cet intérêt le guide aujourd’hui dans ses travaux doctoraux en biologie à l’Université McGill, menés au sein du laboratoire Sunday de biogéographie du changement global.
Jake Lawlor est l’un des deux lauréats de la Bourse Réal-Decoste 2025-2026, nous avons souhaité en savoir plus sur ses recherches.
Quels sont le contexte et le sujet de votre projet de recherche ?
Partout dans le monde, les changements climatiques poussent les espèces à déplacer leurs aires de répartition afin de suivre des environnements propices à leur survie. Ce phénomène transforme nos façons d’interagir avec elles, de les gérer et de les protéger.
Les espèces marines, en moyenne, se déplacent plus rapidement que les espèces terrestres. Ces déplacements ont déjà des répercussions concrètes sur les communautés de pêche, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations côtières.
Ces changements posent de nouveaux défis en matière de conservation et de gestion des ressources, car les aires protégées sont fixes par conception, tandis que les espèces qu’elles visent à protéger deviennent de plus en plus mobiles.
Ma recherche étudie comment les déplacements d’aire de répartition interagissent avec la conception des réseaux de conservation, dans le but d’identifier les lacunes dans la protection des espèces mobiles et de proposer des pistes pour mieux les préserver.
Quel est l’objectif de votre projet de recherche ?
En écologie, le changement est devenu la norme. Je souhaite apporter des éléments de réponse pour guider l’expansion des efforts de conservation dans un monde où les espèces déplacent leurs aires de répartition.
Mon objectif principal est de comprendre comment les stratégies de gestion peuvent s’adapter pour mieux protéger les espèces en déplacement et de développer des outils concrets à l’intention des professionnels de la conservation.
L’esprit fortement collaboratif qui règne au sein de mon laboratoire me permet d’être en lien direct avec les acteurs de la conservation. Je travaille quotidiennement avec de nombreux scientifiques talentueux issus du milieu universitaire, d’organismes gouvernementaux et de groupes de conservation. Grâce aux échanges constants avec eux, nous pouvons orienter nos recherches en fonction de leurs besoins concrets. C’est à la fois utile pour leurs actions sur le terrain, et valorisant pour nous, nous sentons que notre travail peut réellement guider leurs actions quotidiennes.
Qu’est-ce qui vous a amené à développer ce projet ?
Mes recherches de maîtrise portaient sur l’écologie larvaire expérimentale : j’ai élevé des larves d’invertébrés marins dans des conditions simulant l’ « océan du futur », afin d’observer leur développement et leur survie. Les résultats de ce travail ont contribué à orienter les stratégies de conservation des huîtres indigènes dans l’État de Washington. Ils ont renforcé mon intérêt envers l’adaptation des mesures de conservation dans le but répondre aux risques climatiques auxquels les espèces sont confrontées.
Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, et également au Canada, les réseaux de conservation sont en pleine expansion. De nombreux pays ont récemment adhéré à l’initiative « 30x30 », qui vise à protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030.
Il est essentiel de comprendre quelles zones pourraient offrir les plus grands bénéfices pour les espèces mondiales, aujourd’hui et à l’avenir, et comment les aires protégées, confrontées à des conditions changeantes, pourraient adapter leur gestion face aux enjeux climatiques.
C’est en réfléchissant à ces questions que j’ai conçu ce projet.
Sur une note plus personnelle, en dehors de mon doctorat, mes intérêts suivent naturellement mon domaine de recherche. Durant mes études, je suis devenu guide touristique en kayak de mer. Passer du temps en nature, notamment dans les îles San Juan, dans l’État de Washington, m’a permis d’observer la faune du Pacifique de près. Je menais mes recherches en hiver et passais tout l’été en mer à les observer.
Aujourd’hui, mes travaux de recherche s’articulent autour de deux grandes questions : dans quelle mesure les espèces marines sont-elles actuellement protégées, et le seront-elles à l’avenir ? Et comment les déplacements d’aire modifient-ils les communautés écologiques au sein des aires protégées ?
Engagé dans un domaine qui dépasse le cadre académique, Jake souligne l’importance du contexte canadien : « Le Canada joue un rôle de premier plan en matière de conservation, ce qui rend ce travail particulièrement motivant et porteur de sens. C’est très inspirant de contribuer, à ma façon, à cet élan collectif pour la protection de la biodiversité. Je suis très reconnaissant envers Ouranos et le Fonds de recherche du Québec pour leur soutien, qui me permet de transformer ces questions en une recherche ayant un impact concret. »
Alors qu’il poursuit son projet de recherche, les étudiants à la maîtrise ou au doctorat peuvent dès maintenant soumettre leur candidature pour la Bourse Réal-Decoste 2026-2027. D’une valeur annuelle de 40 000 $, la Bourse est renouvelable jusqu’à trois ans pour un total de 120 000 $.
Pour propulser aujourd’hui les chercheurs de demain, Ouranos remet chaque année la Bourse Réal-Decoste à deux étudiants débutants ou poursuivant un doctorat sur des sujets liés au climat. Cette bourse, renouvelable pour une durée maximale de trois ans, offre un soutien essentiel et favorise l’avancement des connaissances en climatologie et en adaptation aux changements climatiques.
Pour consulter les modalités complètes et pour déposer une demande, rendez-vous sur le site Web du Fonds de recherche du Québec.
