Un lien entre les changements climatiques et la surchauffe des océans?
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Les nouvelles données concernant la hausse de la température des mers et des océans à travers la planète sont des indicateurs des changements climatiques en cours. Celle-ci a notamment influencé la saison des ouragans dans l’Atlantique, qui a commencé très tôt cette année et s’est avérée très intense jusqu’ici, et ce, malgré le retour du phénomène El Niño.

La surchauffe des océans : une preuve tangible des changements climatiques 

La hausse de la température des océans, une tendance déjà à la hausse depuis des décennies, constitue une preuve tangible que le réchauffement climatique mondial est en cours. Au début du mois de septembre, le service climatique européen Copernicus confirmait d’ailleurs que non seulement les mois de juillet et d’août de cette année avaient été les plus chauds jamais enregistrés à l’échelle de la planète, mais également que les océans avaient établi des records. Au 31 août 2023, la température moyenne à la surface des océans a atteint la barre symbolique inédite de 21 °C, du jamais vu ! 

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Figure 1 : Température quotidienne de la surface de la mer (°C) moyennée sur l'océan mondial extrapolaire (60°S-60°N) en 2023 (ligne noire) et pour la période 1979-2022 (lignes grises). Les conditions moyennes pour la période 1991-2020 sont représentées par la ligne grise en pointillés. L'enregistrement précédent de la moyenne de la température à la surface des océans à l’échelle mondiale, à partir de mars 2016, est indiqué par la ligne grise horizontale en pointillés (Tiré de : Copernicus, 2023b). 

Les océans, qui couvrent plus de 70% de la surface de la Terre, jouent un rôle crucial dans la régulation du climat mondial. En effet, les océans absorbent 93% de l’énergie disponible sur Terre. D’une part, ils sont réputés pour leur capacité à absorber d'importantes quantités de dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère, agissant ainsi comme un puits de carbone essentiel. D’autre part, les océans agissent comme des réservoirs thermiques, stockant une grande quantité de la chaleur du soleil. Ces fonctions cruciales contribuent à maintenir l'équilibre climatique de notre planète.

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Figure 2 : Anomalies de température de surface de la mer (°C) moyennées sur l'Atlantique Nord pour le mois d'août de 1979 à 2023. (tiré de : Copernicus). 

Cependant, avec l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines, les océans n’arrivent plus à assurer leur fonction de régulation du carbone. Ils subissent ainsi une hausse dramatique de leur température, contribuant de manière significative aux changements climatiques.

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Figure 3 : Anomalie de température de surface de la mer (°C) pour août 2023, par rapport à la période de référence 1991-2020 ( tiré de : Copernicus). 

En effet, en plus d’accélérer la hausse du niveau de la mer, le réchauffement des océans influence la circulation atmosphérique, ce qui peut entraîner des variations climatiques à l’échelle mondiale. Lutter contre le réchauffement des océans est donc crucial pour atténuer les impacts des changements climatiques, notamment l’intensité grandissante des ouragans et d’autres catastrophes naturelles.

Une saison intense des ouragans dans l'Atlantique

L’intensité de la saison des ouragans prévue cette année, même en présence du phénomène El Niño, est attribuable à l’élévation significative des températures de l’eau des océans, particulièrement de l’Atlantique. Au cours des derniers mois, les eaux des tropiques de l’Atlantique, là où naissent les ouragans, ont enregistré une augmentation d’environ 2 °C de plus que la normale. 

Les ouragans puisent leur force dans les océans et convertissent cette énergie en vents violents. Pour qu’un ouragan se développe, une température de l’eau d’au moins 26,5 °C est généralement nécessaire. Plus la température de l’eau dépasse ce seuil, plus il y a d’énergie disponible pour intensifier la tempête. Cette augmentation d’intensité se manifeste à la fois par une augmentation de la vitesse des vents et de la quantité de précipitations associées à l’ouragan. Il est également possible que cela influe sur la taille de l’ouragan. Ultimement, tous ces facteurs peuvent avoir une influence sur l’intensité du raz-de-marée de tempête qui accompagne ce phénomène. 

Au début du mois de septembre, les experts surveillaient d’ailleurs de près l’ouragan Lee, qui se déplace rapidement dans l'océan Atlantique. Cet ouragan avait auparavant atteint la catégorie 5, soit la plus élevée de l’échelle de Saffir-Simpson avec laquelle on mesure l’intensité de ces tempêtes. Au moment d’écrire ces lignes, la trajectoire de l’ouragan Lee pourrait atteindre les portes de l’est du Canada, voire du Québec, éminemment. 

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Figure 4 : Probabilités de vitesse de vent de force tempête tropicale de l’ouragan Lee pour les 5 prochains jours, soit entre le 12 et le 17 septembre 2023 (tiré de : National Hurricane center et Central Pacific Hurricane Center, 2023). 

Liens entre El Niño et la saison des ouragans dans l’Atlantique

Le phénomène El Niño que nous vivons présentement aurait théoriquement dû réduire en fréquence, en nombre et en intensité les ouragans dans l’Atlantique. Or, ce n’est pas le cas cette année. La raison est simple : l’augmentation de la température de l’océan est telle qu’elle contrebalance l’effet El Niño. 

En effet, la hausse de la température des océans engendre un réchauffement de l'atmosphère, ce qui entraîne une augmentation de l'humidité atmosphérique. Cette combinaison a pour effet d'accentuer l'intensité des précipitations et d'augmenter la quantité d'énergie disponible pour alimenter les ouragans. Ultimement, l'augmentation de l'intensité de ces tempêtes peut provoquer des inondations majeures en raison de fortes précipitations, entraînant des dommages matériels importants. Celles-ci peuvent également mettre en danger la vie des personnes affectées.

Comprendre le phénomène El Niño

El Niño est un phénomène climatique naturel, qui se produit périodiquement dans l’océan Pacifique tous les 2 à 7 ans. Il est caractérisé par une augmentation des températures dans l’est de l’océan Pacifique, le long de l’équateur. Cette augmentation de température, bien que modeste (entre 0,5 et 1°C), modifie la circulation atmosphérique planétaire et exerce par le fait même une grande influence sur la météo de plusieurs régions du monde.  

Pour en savoir plus 

Des ouragans au Québec ? 

En raison du réchauffement des mers et océans, les modèles suggèrent un déplacement des ouragans dans l’Atlantique, ce qui augmente le risque pour les provinces de l’Est du Canada. Toutefois, une incertitude demeure pour l’est du Québec. 

L’augmentation du niveau de la mer est également un facteur qui augmente le risque pour les communautés côtières de l’est du pays, car les raz-de-marée de tempêtes seront plus dangereux. On s’attend également à une augmentation des précipitations liées à ces tempêtes, accentuant le risque d’inondation dans ces régions.

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