Pluie verglaçante

Les épisodes de pluie verglaçante et l’accumulation de verglas entraînent une série d'impacts sur les communautés et les écosystèmes du Québec.

Les accumulations extrêmes de verglas de janvier 1998 et d’avril 2023 ont mis à rude épreuve le secteur énergétique de la province, tout en ayant de nombreuses conséquences sur l’environnement bâti et la biodiversité. Ces événements ont paralysé de nombreuses activités quotidiennes, tant sur le plan économique que social, et ont eu des impacts significatifs sur la santé physique et mentale des communautés. 

 

Impacts sur
la santé
Impacts sur le secteur agricole
Impacts sur le secteur énergétique
Impacts sur les écosystèmes forestiers
Impacts sur les bâtiments
 
Impacts sur la santé

Santé physique

Les épisodes de pluie verglaçante, et leur accumulation sous forme de verglas, peuvent avoir de nombreuses conséquences sur la santé physique des citoyens et des travailleurs, pouvant même mettre en danger la vie des individus. Ces impacts comprennent les risques d’accident liés aux conditions routières dangereuses, les chutes et les blessures, notamment les fractures de la hanche, dues à l’accumulation de glace au sol. Des cas d’intoxication au monoxyde de carbone en raison des pannes d’électricité ont également été signalés à travers la province lors des événements de pluie verglaçante passés.  

Lors de la crise du verglas de 1998, la santé physique des sinistrés a été significativement impactée, entraînant une augmentation de la demande pour les services ambulanciers, les admissions en salle d'urgence et les hospitalisations.

Santé psychologique et mentale 

Sur le plan de la santé psychologique et mentale, les épisodes de pluies verglaçantes, en particulier si elles entraînent des pannes de courant prolongées, peuvent susciter des craintes, du stress, de la désorganisation et un sentiment de vulnérabilité chez les citoyens. En 1998, des enquêtes ont révélé que 34% des personnes touchées ont signalé un niveau de stress anormalement important lié à la tempête.

Populations vulnérables et/ou marginalisées 

Les épisodes de verglas et/ou pluie verglaçante peuvent avoir de lourdes conséquences sur la santé physique et mentale de l'ensemble de la population. Malgré tout, les personnes les plus vulnérables à ce phénomène sont celles présentant notamment des problèmes de santé préexistants, les ainé.e.s, les personnes à mobilité réduite ou celles ayant peu de ressources personnelles. 

 
Impacts sur le secteur énergétique

 

Au cours des dernières décennies, les épisodes de pluie verglaçante ont posé d’importants défis au secteur énergétique du Québec. L’accumulation de verglas sur les lignes de transport et de distribution d’électricité a provoqué la rupture ou l’effondrement de certaines parties du réseau électrique, entraînant des coupures de courant. Les épisodes de janvier 1998 et avril 2023 ont été particulièrement marquants, alors que le verglas a fortement impacté les réseaux électriques de plusieurs régions du Québec, privant d’électricité plus de 1 million de clients à chacun des deux événements. Les pannes d’électricité durant la crise de 1998 ont, par endroit, duré jusqu’à 35 jours, tandis qu'en 2023, la majorité des réseaux électriques ont été rétablis en trois jours.

La crise du verglas de 1998 demeure l’événement ayant eu les conséquences les plus importantes sur les infrastructures du secteur énergétique du Québec. Elle a causé la chute de 1000 pylônes en acier et de 30 000 poteaux électriques en bois, ainsi que de nombreux fils et câbles. En plus de l’environnement bâti, le réseau de distribution peut également être affecté par des chutes de végétation, comme des arbres, sur les fils électriques lors d’épisodes de verglas.

Outre les dommages au réseau électrique, le verglas peut mener à la création de givre, qui nuit au bon fonctionnement des éoliennes. Le givre peut engendrer une masse trop importante et nécessiter un arrêt préventif de la production. Il peut également amener des enjeux d'accessibilité aux sites éoliens, notamment en raison du danger de chute de glace sur les travailleurs.   

En tenant compte du fait que les projections climatiques laissent entrevoir une occurrence plus fréquente d’épisodes de pluie verglaçante au nord du 50e parallèle, soit dans les zones abritant d’importants ouvrages hydroélectriques, il est important de mettre en place des mesures d’adaptation pour limiter les conséquences potentielles.  Il est néanmoins à noter que les changements climatiques projetés dans le sud de la province ne devraient probablement pas aggraver ce risque ; les changements climatiques vont probablement réduire ce risque.

Impacts sur les bâtiments
 

Outre les conséquences de la pluie verglaçante sur les infrastructures du secteur énergétique, cet aléa climatique peut également engendrer des dommages aux bâtiments. En effet, le verglas combiné à d’autres phénomènes climatiques, comme le vent, peut augmenter les risques d’infiltration dans les assemblages de murs et de toitures, ainsi qu’autour des ouvertures, comme les portes et les fenêtres, ce qui peut occasionner des coûts de réparation pour les propriétaires. 

Découvrez la section Vents et Tempêtes pour plus d'informations.

 
Impacts sur le secteur agricole 

 

La pluie verglaçante et les importantes accumulations de verglas peuvent engendrer diverses répercussions sur le secteur agricole. L’un des principaux impacts concerne les perturbations des opérations agricoles en cas de coupures d’électricité. En effet, les exploitations agricoles dépendant de l'électricité pour leur production peuvent être sérieusement perturbées lors de pannes de courant, comme cela s'est produit en 1998, où plus de 3000 entreprises agricoles situées dans le « triangle noir », - formé par Saint-Hyacinthe, Granby et Saint-Jean-sur-Richelieu - ont été touchées, certaines privées d'électricité pendant plusieurs jours.

Outre les conséquences sur la production, les pannes de courant dû au verglas peuvent également avoir un impact significatif sur le bétail. La plupart des animaux d’élevage nécessitent des conditions stables de lumière, de température et d’humidité. Certains animaux, notamment les porcs et les volailles, sont très sensibles aux variations de leurs conditions habituelles d’élevage. Ainsi, en cas de panne de courant prolongée, certains animaux peuvent perdre la vie, pouvant entraîner des pertes économiques importantes pour les producteurs d’animaux d’élevage.  

 

En plus des conséquences des coupures de courant sur le secteur agricole, l’accumulation de verglas peut endommager, voire détruire, les structures des serres, entraînant des coûts de reconstruction pour les producteurs. Cependant, étant donné que la plupart des serres ne fonctionnent pas pendant la saison froide, les conséquences sur la production sont généralement limitées.

Enfin, les tempêtes de verglas peuvent également avoir des conséquences sur les vergers, notamment sur les pommiers. En raison de l’accumulation de glace, les branches de ces arbres fruitiers peuvent se fissurer ou se sectionner, ce qui peut entraîner des pertes de récolte. En 1998, on estime que 40 % à 60 % des pommiers situés dans les secteurs touchés par le verglas auraient été endommagés, entraînant une réduction de la production de pomme qui s’est fait sentir pendant les 3 à 4 années suivantes. 

 

 
Impacts sur les écosystèmes forestiers

 

Dans la région forestière du nord-est de l'Amérique du Nord, les événements de pluie verglaçante sont une perturbation fréquente susceptible d'avoir un impact sur la structure, la composition et la dynamique des forêts. Le verglas crée des dégâts qui perturbent les conditions de croissances et de mortalité des espèces de façon différente selon leur capacité de résistance. Ainsi, à long terme, le verglas modifie la composition de la forêt et peut créer une pression sélective, ce qui pourrait avoir comme conséquences de réduire la diversité des espèces d’arbres dans certaines régions du Québec.

En milieu urbain, les écosystèmes forestiers sont très sensibles aux épisodes de pluie verglaçante. En effet, les arbres font face à des facteurs de stress supplémentaires, tels que des tailles et des coupes plus fréquentes, des chocs dû au déneigement (principalement pour les arbres de rue), la sécheresse ou la pollution, les rendant ainsi plus vulnérables aux accumulations de verglas par rapport aux arbres situés en milieu rural.  

Sous le poids de la glace accumulée, les branches et même les troncs d’arbres peuvent être cassées. Le verglas peut également affecter les rameaux et les bourgeons, avec pour conséquence un ralentissement de la croissance au printemps suivant entraînant d’importants dommages au couvert forestier. En 1998, le verglas a endommagé environ 80% des arbres de l’ouest du Québec, nécessitant l'élagage, voire l'abattage de plusieurs arbres pour dégager les voies de circulation et le réseau aérien d’électricité. Bon nombre d'entre eux ont subi des blessures considérables, nécessitant des traitements arboricoles au printemps suivant.  En 2023, l’épisode de verglas a causé la chute de plus 4500 branches et arbres à Montréal. En raison de l’importante couche de glace qui s’est accumulée, même des arbres en santé ont dû être abattus.  

La sensibilité des arbres au verglas dépend de leurs caractéristiques individuelles, telles que leur espèce, la hauteur, le diamètre, ainsi que des propriétés du bois et du peuplement. Par exemple, des études ont montré que le bouleau jaune était plus vulnérable aux dommages causés par le verglas, que des espèces comme l’érable à sucre, le frêne et le hêtre, qui montrent une meilleure résistance. Les conifères, qui conservent leurs aiguilles l’hiver, sont généralement plus susceptibles aux dommages liés au verglas que les feuillus, en raison de leurs grandes surfaces propices à l’accumulation de glace. Toutefois, leur sensibilité au verglas peut varier selon les espèces et les conditions environnementales spécifiques. 

button back to top