Changements climatiques : que deviendront les hivers au Québec ?
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Le Québec est reconnu pour ses hivers rigoureux, ses paysages enneigés et ses activités hivernales emblématiques. Mais sous l’effet des changements climatiques, ces repères saisonniers évoluent rapidement. La période hivernale et les saisons charnières de l’automne et du printemps évolueront au cours des prochaines décennies. Températures, précipitations et couvert neigeux ne suivront plus les mêmes rythmes, avec des impacts majeurs à prévoir pour les infrastructures, l’économie et les loisirs.

Des températures en hausse 

Les hivers se sont déjà réchauffés de 0,3 à 0,5 °C par décennie au Québec et cette tendance se poursuivra dans le futur. En effet, selon les projections climatiques, il est attendu que la température moyenne hivernale de la province grimpe d’environ 6,6 °C d’ici la fin du siècle par rapport à la période 1991-2020, avec un réchauffement plus marqué dans le nord du territoire.

Cette hausse se traduira par des hivers plus doux et pluvieux, des saisons de neige plus courtes et un décalage saisonnier des cycles gel-dégel
Selon une étude du Journal of Applied Meteorology and Climatology, les événements quotidiens de gel-dégel deviendront plus fréquents en hiver et diminueront lors des saisons charnières (automne-printemps).

Un événement quotidien de gel-dégel survient quand, dans une même journée, la température minimale est inférieure à 0 °C et la température maximale est supérieure à 0. °C.

Si nos hivers tendent à se transformer, cette saison demeure naturellement variable, c’est-à-dire qu’elle peut être très différente d’une année à l’autre. Il existera toujours des hivers plus froids que la normale en vigueur. Cependant, les futurs hivers anormalement froids seront plus chauds que ceux connus jusqu’à présent. Cela sous-entend également que les records de froid seront davantage difficiles à battre. 


Précipitations : plus de pluie, mais des tempêtes de neige qui persistent

 

À l’échelle de la province, les projections indiquent une hausse de précipitations durant la saison hivernale. Dans les régions plus nordiques, cette hausse se manifestera surtout sous forme de neige, tandis que dans le sud, une plus grande proportion de ces précipitations tombera sous forme de pluie.

Cela dit, une étude parue dans le Journal of Geophysical Research montre que, même si les chutes de neige moyennes diminueront dans les régions les plus au sud du Québec, les tempêtes de neige continueront d’y survenir. En effet, une atmosphère plus chaude retient davantage d’humidité, ce qui peut favoriser, lors d’hivers plus froids, des précipitations neigeuses aussi intenses, voire plus intenses qu’aujourd’hui.

Fig: Changement dans les précipitations liquides hivernales à l’horizon 2071-2100 par rapport à la période 1991-2020 (SSP 3-7.0) Portraits climatiques, Ouranos, 2025

La pluie verglaçante, quant à elle, est un phénomène bien connu de la population québécoise. La province compte parmi les endroits les plus touchés par ce type d’événements en Amérique du Nord. Les changements climatiques placent le Québec dans une zone de transition : dans le nord et le nord-est de la province (à l’exception des régions côtières), une hausse du nombre médian d’heures de pluie verglaçante est attendue, tandis qu’une diminution est anticipée dans les régions plus au sud. En d’autres termes : plus de pluie verglaçante est projetée dans le nord et le nord-est, mais moins dans le sud.

Pour explorer différents indicateurs de précipitations hivernales, rendez-vous sur Portraits Climatiques

Le couvert neigeux en déclin au sud du Québec


Si les tempêtes de neige continueront de se produire, le couvert de neige tend à se réduire dans le sud du territoire. En effet, les températures plus clémentes et les événements de pluie hivernale contribueront de plus en plus à le faire fondre. 
Un portrait des indices de neige au sol (PINS, Ouranos 2024) confirme une diminution de l’équivalent en eau de la neige (ÉEN) particulièrement dans le sud et la vallée du Saint-Laurent. Par exemple, le maximum annuel d’ÉEN pourrait passer de 145 mm à 120 mm dans le sud-ouest.

Équivalent en eau de la neige (ÉEN) : La quantité d’eau sous forme liquide et solide présente dans un manteau neigeux, obtenue en faisant fondre toute la neige prélevée à une station météorologique.

La tendance est toutefois moins claire pour les régions au centre de la province comme la Jamésie et les secteurs nordiques de la Côte-Nord. Au Nunavik, une légère augmentation du maximum annuel de neige au sol est projetée. 


En plus de diminuer en quantité dans de nombreuses régions, le couvert de neige raccourcira en durée, et ce pour l’ensemble du Québec. Concrètement, la saison de neige pourrait raccourcir de deux à quatre semaines au Québec. Selon le rapport PINS, le couvert neigeux continu passerait d’environ 140 à 115 jours au sud-est de la vallée du Saint-Laurent, et de 210 à 190 jours dans des régions comme le Saguenay et la Côte-Nord. Les régions montagneuses, comme la Gaspésie ou Charlevoix, resteront plus enneigées, mais subiront, elles aussi, un raccourcissement.

Pour en apprendre davantage, consultez la page

 

Fig: Changement dans la durée annuelle du couvert de neige continu à l’horizon 2071-2100 par rapport à la période 1991-2020 (RCP4.5) Portraits climatiques, Ouranos, 2025

Impacts multiples : infrastructures, économie, environnement


Si des hivers plus doux peuvent sembler être une bonne nouvelle pour ceux qui n’aiment pas le froid, la réalité est moins réjouissante qu’on ne le pense. Notre aménagement du territoire, nos écosystèmes, nos activités économiques et notre culture sont adaptées à de longs hivers froids et enneigés.  
Si tous les impacts des changements hivernaux ne sont pas encore pleinement connus, nous savons, par exemple, que le couvert de neige est un isolant thermique important pour les sols agricoles. Ainsi, sa diminution pourrait affecter négativement certaines cultures. 


L’acériculture, dépendante de conditions de température stables au printemps, pourrait voir ses rendements diminuer et son calendrier d’entailles changer.
Pour les stations de ski, et le tourisme hivernal en général, cette réalité est préoccupante. Le rapport « Diagnostic de vulnérabilité du système ski alpin » (Ouranos, 2024) souligne une dépendance croissante à la neige artificielle, entraînant des coûts énergétiques et hydriques plus élevés. 

Pour en savoir plus, consultez l'actualité: 

 

Les communautés autochtones verront aussi leur mode de vie affecté, notamment la chasse et la pêche. Les déplacements sur les routes hivernales — essentielles en milieu nordique — deviendront également moins fiables et pourraient poser des enjeux de sécurité.  
 

Le Québec ne perdra pas ses hivers, mais ils seront plus courts et plus doux. Les tempêtes de neige continueront à marquer le paysage, mais dans un contexte où la pluie gagnera du terrain. Ces changements exigent une adaptation rapide et concertée pour préserver la sécurité, l’économie et la culture hivernale qui font partie de l’identité québécoise. 

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