Énergie
Comment la production d'électricité est-elle touchée par les changements climatiques?
Les changements climatiques peuvent affecter la production d’électricité au Québec, notamment l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse et le solaire.
L'hydroélectrique
En plus d’un réchauffement des températures moyennes, les changements climatiques sont synonymes de modifications dans les régimes de précipitations et donc dans les régimes hydrologiques. Ces changements pourraient modifier la capacité de production hydroélectrique, dépendante des apports en eau aux bassins versants exploités.
Trop d’eau : les effets des crues printanières
L’augmentation projetée des précipitations hivernales et printanières, surtout lorsque combinée à des redoux hivernaux, peut devancer l’occurrence de la crue printanière. Si ces changements semblent à priori représenter une opportunité pour la production, les bénéfices potentiels dépendront notamment de la capacité du réservoir, de son niveau au moment des crues et des fluctuations de la demande électrique.
Pas assez d’eau : les effets des étiages
À l’opposé, une augmentation des périodes d’étiages en été et en automne est projetée dans une large partie du Québec méridional. Ce changement pourrait avoir des conséquences sur la capacité de production hydroélectrique, notamment pour les centrales au fil de l’eau, qui ne disposent pas de réservoir et dépendent directement du débit de la rivière. Une diminution du débit entraînerait donc une diminution de la capacité de production.
L’interaction entre les niveaux de crues et d’étiages a un effet important sur l’apport en eau aux réservoirs.
Le Québec a connu en 2023 ses plus faibles apports d’eau depuis 1943. Ce déficit important a entraîné une baisse marquée de la production d’électricité dans la province par rapport aux années précédentes. La faible crue printanière combinée à un été et à un automne très secs ont eu pour effet de réduire le niveau des réservoirs, notamment dans les complexes La Grande (Nord-du-Québec) et Manic (Côte-Nord). Parmi les conséquences, Hydro-Québec a dû réduire ses exportations et a subi des pertes de rendement d’environ 1 milliard de dollars.
Projet de recherche | Risque de faible hydraulicité persistante dans les bassins hydroélectriques du Québec-Labrador : une perspective millénaire
Cette approche permet aux producteurs hydroélectriques canadiens de mieux évaluer leur exposition aux sécheresses persistantes tout en bénéficiant d'une meilleure connaissance de la variabilité hydrologique à long terme sur le territoire en production.
Webinaire | Vulnérabilité des barrages-réservoirs en climat futur et extrêmes hydrologiques
Ce webinaire présente des études récentes en hydrologie visant à évaluer les besoins en gestion de l'eau et caractérisation des événements sévères en hydrologie pour les gestionnaires.
L'éolien
Bien que l’hydroélectricité soit dominante au Québec, l’énergie éolienne est également une source d’électricité intéressante, émettant peu de GES. Les changements climatiques peuvent influencer la production d’énergie éolienne de plusieurs façons. Or, leurs effets à long terme demeurent incertains pour le Québec, puisque les connaissances sur l’évolution du régime des vents sont encore limitées.
Une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes, comme les vents violents, les tempêtes ou les épisodes de pluie verglaçante, peut endommager les infrastructures, entraîner des bris d’éoliennes ou forcer leur arrêt temporaire pour des raisons de sécurité.
De plus, les changements dans les régimes de vent pourraient modifier la productivité des parcs éoliens à l’échelle mondiale, tant à la hausse qu’à la baisse selon les régions. Ces changements du régime des vents incluent :
Leur intensité
Leur constance
Leur direction
La durée et la fréquence des sécheresses éoliennes (périodes prolongées d’absence de vent)
Projet de recherche | Impacts des changements climatiques sur le potentiel éolien WEC 2100
Ce projet permettra aux opérateurs de réseaux électriques canadiens, Hydro-Québec, Manitoba Hydro et Ontario Power Generation notamment, d’améliorer la planification à long terme de l’énergie éolienne et d’en augmenter la fiabilité.
La biomasse
L’énergie consommée au Québec issue de la biomasse provient principalement des résidus forestiers, agroalimentaires et urbains (par exemple, les matières organiques résidentielles et les sites d’enfouissement). Si la biomasse occupe une place limitée dans le bouquet énergétique du Québec, elle est significative et pourrait être appelée à augmenter.
L’impact des changements climatiques pourrait notamment se faire ressentir sur la productivité et la distribution de la biomasse forestière. L’augmentation des températures, les modifications des régimes de précipitations et la fréquence accrue des événements extrêmes, comme les feux de forêt, peuvent avoir des impacts importants sur la dynamique des peuplements forestiers et la performance des cultures.
Par exemple, des incendies de forêt plus fréquents et plus intenses peuvent réduire les ressources forestières disponibles. Les périodes de croissance végétative peuvent quant à elles être perturbées, allongées ou déplacées, touchant directement la productivité et la répartition géographique des espèces végétales.
Le solaire
Bien que l’énergie solaire soit encore marginale dans le bouquet énergétique québécois, elle suscite un intérêt croissant et il devient important d’étudier les effets du climat sur cette source d’énergie.
Les impacts des changements climatiques sur l’énergie solaire sont encore peu documentés et les tendances à long terme demeurent incertaines. Cela dit, certains phénomènes peuvent toutefois altérer la performance des installations.
La couverture nuageuse, le contenu de vapeur et d’aérosols de l’atmosphère ainsi que la fumée issue des incendies de forêt peuvent affecter l’irradiation et réduire l’énergie solaire disponible au sol.
L’augmentation des températures ambiantes peut fragiliser l’efficacité des cellules photovoltaïques et diminuer leur rendement (jusqu’à 22 % à 35°C) ainsi que mener à un vieillissement prématuré de l’équipement. Les panneaux solaires sont également exposés aux dommages par le vent, particulièrement lors d’épisodes de vents extrêmes.
Impacts sur le transport et la distribution de l'électricité
Puisque de nombreuses centrales hydroélectriques et parcs éoliens se trouvent loin des grands centres urbains, où se concentre la demande énergétique, l’électricité produite doit être transportée sur de grandes distances, notamment du nord au sud de la province. Réparti sur l’ensemble de la province, l’immense réseau de transport et de distribution est donc exposé à une variété d’impacts des changements climatiques.
Les événements extrêmes qui tendent à devenir plus intenses et fréquents dans le contexte des changements climatiques peuvent endommager les infrastructures de transport électrique ou réduire l’efficacité de certaines composantes, telles que les transformateurs, et interrompre l’approvisionnement.
Ces événements comprennent :
Les projections climatiques montrent que le nombre d’heures annuelles de pluie verglaçante pourrait augmenter dans les régions plus au nord de la province. Le poids important de cette pluie sur les fils et les pylônes de transmission augmente le risque d’effondrement. Une tempête avec de grands vents peut également engendrer des bris de fils et de poteaux, perturbant la distribution d’électricité et causant des pannes de courant pour plusieurs utilisateurs.
D’un autre côté, les chaleurs extrêmes réduisent la capacité de transport des lignes électriques, pouvant ainsi compromettre la capacité de répondre aux périodes de forte demande. Les chaleurs extrêmes sont notamment associées à la dilatation des câbles électriques : elles peuvent les abaisser en dessous de la hauteur minimale sécuritaire et même provoquer des arcs électriques ou générer des feux.
La végétation à proximité des lignes électriques est une source de défis pour le réseau de transport et de distribution, étant une cause importante des interruptions de service. Que ce soient pour les arbres en milieu urbain ou pour l’ensemble de la végétation sous les lignes à haute tension, l’augmentation des événements extrêmes pousse Hydro-Québec à revoir ses critères de maîtrise de végétation. Un entretien plus fréquent est nécessaire pour éviter des contacts entre la végétation et les infrastructures de distribution.
Projet de recherche | Exposition et adaptation aux incendies dans la taïga canadienne
Les approches développées pourront guider les décisions stratégiques des partenaires industriels et des communautés des régions sub-arctiques en matière de gestion du risque des feux.
Changements climatiques et variation de la demande en électricité
L’augmentation des températures peut affecter significativement la demande énergétique. En effet, une demande plus importante est anticipée l’été, surtout lors de périodes de forte chaleur, en raison de l'utilisation plus intensive de climatiseurs.
Plusieurs autres phénomènes liés aux fortes chaleurs peuvent aussi compromettre l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité durant la saison estivale. Ces phénomènes incluent notamment :
La capacité thermique réduite des conducteurs
La demande de pointe en été
Les épisodes de sécheresse
Les feux de forêt
À l’inverse, la demande pourrait diminuer en hiver, les températures plus clémentes réduisant ainsi les besoins en chauffage.
Enfin, il faut garder en tête que la demande électrique globale augmentera dans le futur, conséquence directe des efforts croissants d’électrification des transports, des bâtiments et des industries.
Une défaillance dans le système énergétique peut, par un effet de cascade, affecter plusieurs autres systèmes, comme le réseau de la santé, l’approvisionnement en eau, les télécommunications et les transports. L’énergie est d’ailleurs l’un des dix secteurs identifiés comme infrastructures essentielles dans la Stratégie nationale sur les infrastructures essentielles.
Dernière mise à jour de la page : décembre 2025
